La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Cette photographie, ta dernière
Cette photographie, ta dernière, je l'ai laissée sur le mur, entre les deux fenêtres, au-dessus,
De la télévision désaffectée, et le soir, dans le golfe de toits à gauche de l'église, quand la lumière,
Se concentre, qui en même temps, s'écoule, en deux estuaires obliques, et inchangeables, dans l'image,
Je m'assieds, sur cette chaise, d'où l'on voit, à la fois, l'image intérieure la photographie, et autour d'elle, ce qu'elle montre,
Qui seulement, le soir, coïncide, par la direction de la lumière, avec elle, sinon en cela, qu'à gauche, dans l'image, tu regardes,
Vers le point où je m'assieds, te voir, invisible maintenant, dans la lumière,
Du soir, qui pèse, sur le golfe de toits entre les deux fenêtres, et moi,
Absent de ton regard, qui dans l'image, fixe, la pensée de cette image, dédiée à cela, les soirs de maintenant, sans toi, au point,
Vacillant du doute de tout.
In Quelque chose noir, © Poésie/Gallimard, 1986
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Contribution de PPierre Kobel
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