La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Catherine Mafaraud
Meurtre
Je répondrai à ton premier décan des chimères
Par une provocation à la poupe d’un train
Une provocation comitiale hébétée tordue de glaires
Et tu ne me reconnaîtras pas toi qui ne m’as jamais vue
Mais tu regretteras d’être né voyant
D’être venu au monde rampant sur des moignons de caresses
Ceux-là mêmes que tu portes comme des médailles
Écoute, car si elle chante
Ce n’est pas par séduction ni par vanité
Ce sont ses couronnes funèbres
Ses vomissures qui n’ont rien coûté
souviens-toi sourcier de femmes
Perturbé d’impatience
Un linceul de pus comment pourrais-tu résister
Il se redresse difficilement maculé comme agonie
Il est debout il le croit
Alors que je ne vois qu’une hernie d’homme
Je le traîne par une paupière
Dépourvue de cils et d’espoir
En chemin il se défait
Perd ses organes extérieurs de puissance
Bourses crevées pénis glauque et ses idées
Je l’installe sur un rail
Quadrumane imparfait il tend à peine
Le bras pour me supplier
Sur un rail et je fais lentement marche arrière
In La forêt infernale, © Le Crayon noir, 1978
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Décharge | Catherine Mafaraud
Contribution de PPierre Kobel
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