La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Au jeudi 16 toujours du déjà-soir dans le matin saturé de lui-même. Du terminal et de l’étreinte de début et de fin embrassés. En quête d’un point d’orgue. D’une situation. D’un aphorisme qui ordonne la confusion de son ni veille ni sommeil,
son hors des deux sans déclin ni renaissance.
Le pareil évidé de l’espace et du corps fait bloc
précisément la minute
précisément la vue sur les balcons (chaises, jardinières, vitres reflétées par les vitres)
précisément la surface grossièrement rabotée de l’étagère et ses piles de livres
précisément une crampe entre plexus et nombril.
Le corps. Son délai entamé d’années. L’ébouriffé d’une vie et son paraphe.
Un piqué de corbeau rase le pré de sa mélancolie métaphysique
plumage de sexe ou d’arbuste carbonisé
puis rien que lui
posé.
Une chose ne peut plus être autre
ni s’inverser dans la culbute des mots, leurs appariements, leurs dérapages, leurs passes joueuses même si parfois putassières
cela aussi mourir.
Une vache attrape la lune, la langue sa caque de paroles.
En haut du promontoire une vision panoramique sans voir.
Des voix dans l’escalier
écorcent le matin
agate rousse dans une tranche de quartz ou lieu d’une élocution improbable sonnant l’appel à la clairvoyance.
Est-ce discernement inventif d’étoiles, qui prendrait la fin comme un bus vers leur lueur presque éteinte
ou rien que le ratissage rassurant du langage ?
In Mues, © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2019
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Wikipédia | Claude Ber
Contribution de PPierre Kobel
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