La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Elvire Ybos
Ta vie
Tout ce qui fait ta vie
amis famille lieux et secrets
tout ce qui fuit ta mémoire aux pages blanches
tout ce qui trace de longues lignes chemins de cendre
tout ce qui s’efface ou s’incruste
tout ce temps qui s’étend à mesure de ta vie
tout ce qui se prend se déprend
les blés dorés des contes perdus les ogres
des forets tous les livres lus et oubliés dans les replis
du cerveau
tout ce qui affleure puis se noie dans
la vaste étendue létale
tout ce qui est quand cela n’est plus
ce temps passé en déclinaisons latines
à l’aube des jours à venir
ces longues marches dans les avenues d’ici et d’ailleurs
ces façades aux yeux fermés sur des nuits perdues et le souffle
nocturne un sifflement tout cela
l’amour à la volée
la rosée sous les pieds au petit matin d’herbe mouillée tout cela
une main qui te fait signe
ce qui reste quand dans l’étendue
se désagrège ce qui fut ton monde
densité désert plages où marcher au plus près de certains rêves
quand tout fuit levant ce qui te faisait être
cette forme pour un temps
donner tout cela
où ça va ?
In Poésie/première 86, © L’auteur, 2023
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Théâtre du Signe | Elvire Ybos
Contribution de PPierre Kobel
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