La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Hélène Dorion
La pluie dessine des ombrages, tu vois le lac se dénouer,
la saison a comblé le vide, parmi les ondes,
les années s’émiettent, devant toi, chaque trace
que tu croyais transparente s’embrouille
et se dissipe dans le présent.
Les feuilles s’arrachent à l’infini, aveugles de l’intérieur,
et alors qu’il ne reste plus un bruissement dans le décor,
une histoire glisse au fond des eaux,
pareille à une gare où il n’y aurait que des départs.
Où vas-tu, effrayée d’être avec ta vie qui se retourne, seule
avec des bagages éreintés, une vie
qui s’effrite, un dernier voyage au bout de l’absence ?
Du haut des falaises, tu imagines un chemin qui pointe
vers l’aube certaine, la figure enfin épuisée de la douleur.
In Cœurs comme livres d’amour, © Bruno Doucey, 2023
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Wikipédia | Hélène Dorion
Contribution de PPierre Kobel
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