La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Sarah Intili
Ablutions de langue
Abluée, le silence des hommes creuse en moi
J’entends ce qui s'enfouit quand la langue est malmenée
Elle résonne avidement et assiège tout lieu de rencontre
Tout veut être nommé avant de précipiter hors
La hantise de leurs traces alors que ma langue en retrait
demeure effarée
Je crève d'éventrer le sol, que la terre hurle dans mes mains
M’écorcher à l'élémentaire nature pour nommer dès le premier seuil
*
Égarer tous les mots qui m'habitent, ils m'usent de se ressasser
Pourtant, je n'ai pas circonscrit encore le lieu de leur étreinte
Leurs sens me fuient qui secrètent une clairvoyance définitive
Elle m'apparaît comme une neige éclairée par un lampion avant l'aube
Une ascension sacrée traverse le silence de sa chute
*
Parfois, n'être que cette résonance d'un violon isolé
Qui se hante à mesure qu'elle s'épuise dans l'espace
Il y a comme la rumeur advenante d'un bouleversement
Quelque chose qui ne veut être qu'un soupçon de présence
Un bruissement de la langue, la rejoindre qui dure
In Arpa 141-142, © ARPA, 2023
Internet
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L’autre livre | Sarah Intili
Contribution de PPierre Kobel
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