La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Béatrice Pailler
Aujourd’hui ce qui fut
Par la mémoire recoudre ce qui fut à ce qui est. Hier, aussi lointain qu’il puisse être, n’est jamais effacé et ce qui est mort n’est qu’absence, une part invisible tenant au présent d’un souvenir comme d’un fil.
Ce qui fut fait signe, mais aujourd’hui l’ignore. De toujours à jamais, il marche ses pas dans ceux du temps vers ce qui sera. Sa lumière est celle de l’instant, son espace : la chute des heures, sa joie : l’horizon ; un monde dans les traces d’hier mais à lui promesses de demain.
En route et sans retour est aujourd’hui, son regard de proue offert à l’à venir.
Ce qui fut a bien des visages, insolés du temps, fidèles à aujourd’hui. De leurs lèvres, d’inaudibles mots frères du silence glissent sur l’air. Rendus aux lointains, ils sont par delà le bleu le temps retrouvé
Passent les souffles, du vent et des visages, les sentir sans les nommer mais dire, sur le vide, leurs présences, pour alléger l’aujourd’hui des fatigues.
Autrefois a goût de manque, petit fruit roulé à fond de gorge sous la langue, pour ne pas oublier la saveur de ce qui fut.
In D’un pas de luciole, © Éditions du Cygne, 2024
Internet
-
terre à ciel | Béatrice Pailler
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires