Ce recueil est le second publié par Hélène Sanguinetti chez Flammarion qui en a particulièrement soigné la présentation, entremêlant, pour le graphisme, garamond classique et italique, minuscules et majuscules.
L’ouvrage est divisé en quatre parties.
Dans la première, se mêlent des souvenirs d’enfance, fantasmés ou rêvés,
« le berceau laqué rose a disparu, maman, la
valise a disparu, le berceau s’est endormi
dans la valise, et la valise s’en est allée nulle
part sans nous, souvenirs qui trouent les
étagères du cagibi »
p.14
« Il y a le sourd, dans la chambre.
Il tourne avec sa langue, il va à la fenêtre,
Il agite doucement le chiffon sanglant :
Une gorge et des noms, des années »
p.22
La seconde partie est consacrée à une femme appelée Rose, dont on ignore la parenté avec l’auteure et dont on devine le destin sans doute tragique :
« Rose où que vous soyez,
j’habite dans vos poches où se bouclaient les
poings, je vous donne le dieu qui me regarde
vous écrire en ce moment »,
p.28
C’est le mystère de la perte qui m’importe
le grave, le doux visage, le corps saignant
que l’homme lui a donnés, autant de bouches
que de blessures pour les agenouillés, tête
contre leurs mains, dans la pénombre de la
chapelle et sur les dalles froides déformées
par les pas
« montre, montre sur ta nuque, si tu peux, ce
qu’on a dit que tu serais un jour quand
Ah, quel vaurien ! »
p.32
Dans la troisième, s’entremêlent, comme dans la première partie, des souvenirs de voyage et d’enfance, et la fin du recueil est consacrée aux moments rêvés qui ont précédés la nuit du 24 août 79 après Jésus-Christ, où une éruption du Vésuve a enseveli sous les cendres les villes de Pompéi et Herculanum.
« Douceur horrible douceur d’ici,
La chaleur n’est plus supportable, encore
moins le silence
Car il n’y a plus aucun remue-ménage, plus
aucun cri,
Il y a une mousse venue du fond du ciel et du
Fond de la terre, le Grand Monstre et la
Grande Goulue, réconciliés. »
p.77
« Mais comment t’aimer désormais si tout finit
ici maintenant, là, derrière la porte qui fond,
qui croule avec les murs, les stucs, les vases ?
Chaleur et odeur suffocantes,
j’ai du mal à écrire, je ne te vois plus et ne
t’entends plus. »
p.81
Le texte de présentation de la quatrième de couverture évoque avec justesse le climat très particulier, nappé d’incertitudes et de mystères, dans lesquels baigne l’écriture d’Hélène Sanguinetti :
« Une naissance peut-être aurait eu lieu, dans un pays sans nom : sur ce berceau des fées se seraient penchées, à l’ouverture, et des voix se seraient élevées, vagabondes magiciennes, archaïques intemporelles – voix de sœurs, de passantes, de marmots, d’amants, d’ancêtres.
Tour à tour aérienne et scandée, chuchotante ou criée – à l’image de ces strophes qui s’élancent et refluent à l’assaut de la page – la partition d’Hélène Sanguinetti fait alterner une série d’adresses dont la parole monte on ne sait d’où, apostrophant des êtres lumineux et sombres, les yeux tournés sur une mer ou vers un ciel susceptibles de les absoudre, à défaut de les sauver. »
« Hélène Sanguinetti adore la mer - nager - regarder le ciel - tailler les arbres en boule - dire ses textes - lire, beaucoup et très tard dans la nuit : les livres, les biographies et entretiens des poètes, peintres, aventuriers, penseurs, le journal "L'Equipe". Elle adore le sport et en pratique plusieurs (elle regrette de ne pas avoir joué au rugby).
Née à Marseille, elle vit et travaille actuellement en Arles. » Ainsi est présentée H. Sanguinetti dans la Poéthèque du Printemps des Poètes.
Bibliographie
Dernières parutions
- Une pie, texte-voix, éditions Publie.net
- Toi, tu ne vieillis plus, Tu regardes la montagne, 8 photographies, Texte et Voix, éditions Publie.net
- Hence this cradle - trans. Ann Cefola, Otis Books/Seismicity Éditions, Los Angeles, mars 2007
- Alparegho, pareil-à-rien, L'Act Mem, 2005
- D'ici, de ce berceau, Flammarion, 2003
- De la main gauche, exploratrice, Flammarion, 1999
Dernières publications en revues et ouvrages collectifs
-
Calendrier de la poésie francophone 2010, Alhambra Publishing, Bertem, Belgique
Anthologie-Tome 1, J. Basse, De Surtis, 2009 -
Joug 1, Rehauts n°21, Printemps Été 2008
-
"Du traité du rouge gorge. Rêverie", Passage à l'Act, 5-6, numéro spécial Pascal Quignard, Octobre 2008
Poésie / Interventions plastiques
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Deux Noyaux Pour Commencer La Journée, avec Stéphanie Ferrat, Galerie Remarque, Trans-en-Provence, septembre 2009
-
Gora soli, avec Anna Baranek, l'attentive, janvier 2008
-
Ô cahier 3, avec Anna Baranek, Espace Liberté/Les Ennemis de Paterne Berrichon, Crest, septembre 2006
Internet
Contribution de Jean Gédéon
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