Stephen Bertrand vit dans le midi où il enseigne le français et les langues étrangères,. Il a voyagé un peu partout dans le monde, et ramené de ses périples des récits en prose ou poétiques dont certains ont été couronnés par des prix littéraires, notamment le prix Ilarie Voronca en 2000, pour son recueil Ici la belle et immense table de la pampa, chez Jacques Brémond, et le prix Max-Pol Fouchet, décerné en 2007 par le Castor Astral pour son recueil Premiers dits du colibri.
Ce dernier prix, décerné sur manuscrit à travers un double filtre constitué par un premier jury départemental, puis un jury international de vingt personnalités francophones, constitue, semble-t-il, un gage de sérieux dans le choix du récipiendaire.
Dans cet ouvrage, Stephen Bertrand laisse libre cours à un lyrisme de fièvres et de grand vent, avec comme fil bleu l’éclair frissonnant et métaphorique du colibri, ouvrant la porte à des rêves de haute mer, et comme l’écrit Vénus Khoury-Ghata dans sa préface : « Nous sommes aux antipodes d’une certaine poésie d’aujourd’hui qui se veut exsangue, et qui tire fierté de sa maigreur, bannit les images, l’émotion, le poème devenant squelette desséché, crayeux. Un souffle venu de très loin traverse Premiers dits du colibri »
On a consulté des colibris pour l’adret et l’ubac,
les embarcadères et débarcadères,
la proue et la poupe,
dans une découpe de brume à Zielona Gora,
à Southampton pour le départ d’un navire
affrété par la Compagnie royale des Indes,
pour le partage des eaux
pour le partage des épaules,
et la naissance du cri.
Ces jours-là, trois dauphins
ont transcris leurs réponses
sur des livres émargés d’écume.
Certaines soulignées de sel.
p.53
****
Le colibri sait tenir les minutes d’un procès :
il lui suffit de battre des ailes.
Les colibris butinent l’absente de tout bouquet.
Sur un toboggan,
tu peux rejoindre quelques instants un colibri :
mais tu es un enfant
et tu sais encore abandonner tes ombres.
Tu souris aussi à l’épicière qui te donne
des points-colibris à coller sur des feuilles.
p.54
*****
De mémoire de colibri,
si je ferme les yeux,
un peu, un petit peu seulement,
dans ce grand soleil serti d’un immeuble
caressé tout au long de Vltava et d’eau,
la belle guide me mène encore
dans la pièce au parquet d’écureuils brillants,
met de longs pétales aux fenêtres,
installe des colibris slaves dans ses yeux,
puis aux plumes de son ventre
me révèle ma petite révolution de velours.
p.67
****
On a suspendu des bateaux
aux voûtes de Notre-Dame-de-la-Garde,
pour les lignes soulignées de sel,
pour les paupières rubescentes des crépuscules
et les baisers d’écume sur ces paupières.
On a suspendu des bateaux
parce que le colibri est le rêve réalisé
de ce poisson qui marche et rêve de voler.
Et combien de vérins
pour nos capitaineries incertaines ?
On a suspendu à tes lèvres des colibris qui t’attendent.
Mais fais vite maintenant.
p.70
Bibliographie sélective
- Premiers dits du colibri, Prix Max Pol Fouchet 2007, éd. Le Castor Astral, 2007
- Ces voies qui nous empruntent, éd. La Dragonne, 2006
- Ce petit hameau du Mato Grosso, éd Domens, 1999, grand prix de poésie Arcadia-ville de Béziers
- Quelques (rencontres) possibles avec Grégoire Bonzi, éd. Lucarnes Sur…2000, avec le concours du Centre Régional des Lettres Languedoc-Roussillon.
Ce livre a été prolongé d'une exposition et de spectacles (Montpellier, Béziers, Le Puy en Velay, Lyon, Nancy, Ferney-Voltaire)
-
Ici la belle et immense table de la pampa, éd. Jacques Brémond, 2000, Prix Ilarie Voronca des Journées Internationales de Poésie de Rodez
-
Lettre de Marrakech à F.J.Temple , éd. H-C, avec collages de l'auteur, 2002, 2003
-
De Marrakech à Essaouira, lettre à R. Depestre , éd. H-C, avec collages de l'auteur, 2003
-
Travaux universitaires : "Vers une approche poétique en classe de langue, les ateliers de créativité poétique" (mémoire de maîtrise, université Montpellier III, 1999) et publication d'articles dans des revues de didactique du Français.
Il a également participé aux revues Arpa, Autre Sud, Décharge, Souffles, Vagabondages ainsi qu'à diverses émissions radiophoniques.
Internet
-
La fiche De S.Bertrand dans la Poéthèque du Printemps des Poètes
Contribution de Jean Gédéon
Pour un oiseau des Isles, c'est un immense plaisir de découvrir, par un petit matin tristounet de décembre, un colibri de cette espèce. Merci RF
Rédigé par : Roselyne Fritel | 09 décembre 2011 à 08:02