Il n’y a rien à envier aux dalles des cimetières tes doigts gèlent sur l’ivoire des pianos ton échine courbe tu gémis la musique détonne les heures filent et les mesures comme minutes plombent au soleil il te reste trois jours à vivre et trois nuits ton corps fléchit sur la place publique ci-gît une âme morte peut-on lire en blanc sur le marbre gris
le siècle naît celui-ci sans mal ni blessure que ferons-nous alors nous qui pleurons cent fois plus une dès que le jour se lève au regard des aumônes entends le coup toi que minuit appelle la lune est pleine et les rampes l’accès refusé au départ il est des heures vastes de lumière la terre ferme les yeux sur les guerres et les bûchers fument encore sous les femmes ardentes les hôpitaux surpeuplés nul ne respire ne guérit ni ne meurt un calmant pour attendre la vie est une halte crie-t-on mais qui voir entendre à qui parler car dire je souffre à présent n’est plus lisible
les murs s’effritent et les vitres tout meurt comme tout saigne des enfants gémissent sur la place publique les fous vivent la lumière les visions se heurtent aux cadres quand l’art est maître rien ne sauve le monde sinon le poème
In et la nuit, © éditions TROIS, 2001
Née à Alexandrie, en Egypte, le 13 décembre 1951. Elle vit au Québec depuis 1963. On lui doit vingt livres, dont Bleus de mine qui lui a valu le prix Émile-Nelligan en 1985 ; elle remporte aussi le Grand prix d’Excellence artistique de Laval 1992 pour Galia qu’elle nommait amour. Anne-Marie Alonzo est également cofondatrice et codirectrice de la revue et des éditions TROIS. En 1989, elle crée le festival de TROIS. La revue universitaire Voix et Images (UQAM), lui consacre son numéro d’hiver 1994. Le magazine littéraire Lettres Québécoises publie à son tour un dossier Anne- Marie Alonzo dans sa livraison de juin 2000. Certains livres et textes d’Anne-Marie Alonzo sont traduits en anglais, allemand, italien, espagnol, gallois, etc. Ses derniers livres publiés sont : et la nuit, TROIS, Laval 2001 ; Lettres à Cassandre, TROIS, Laval, 1994, en collaboration avec Denise Desautels ; Tout au loin la lumière, Le Noroît, Saint-Hyppolite, 1993)
Notice de La Nouvelle Poésie Québécoise - Éditions du Cherche-Midi – 2002.
Anne-Marie Alonzo est décédée le 11 juin 2005.
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Contribution de Hélène Millien
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