Moi
le Maître-de-langue…, Ma tâche est d’éveiller mon peuple aux
futurs flamboyants
Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô
lumières rythmées de la Parole !
In Élégie des alizés, Œuvre poétique, © Le Seuil, 2006, p. 262- 265
Quel parcours étonnant que celui de cet enfant du Sénégal, né à l’époque de la colonisation, qui jusqu’à l’âge de 6 ans ne parle que le sérère, la langue de son ethnie d’origine. Qui apprend le français à l’école, comme une langue étrangère. Pour devenir plus tard le premier Africain grammairien agrégé de l’Université ; le premier président de son pays, au moment de l’indépendance ; le premier des chefs d’États de l’Afrique indépendante à quitter le pouvoir de son propre chef ; et le premier Africain membre de l’Académie Française.
Apôtre de la négritude, avec Césaire et Damas, il a consacré tous ses efforts à rendre à l’homme noir sa dignité perdue. Partisan du dialogue des cultures, espérant l’avènement d’une civilisation de l’universel, il devint la cheville ouvrière de la francophonie. Bref, un homme d’exception, en même temps qu’un poète, doublé d’un homme d’action. La poésie sera son arme et la culture son champ de bataille.
L’un de ses tout premiers poèmes a déjà valeur de manifeste. Publié au sortir de la guerre, il est comme le porte-étendard d’une négritude qui désormais s’affiche avec fierté.
Femme noire
Femme
nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui
est beauté
J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes
mains bandait mes yeux.
Et voilà qu’au cœur de l’Été et de
Midi, je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col
calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair
d’un aigle.
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la
chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma
bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses
ferventes du Vent d’Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui
grondes sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto
est le chant spirituel de l’Aimée.
Femme nue, femme
obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de
l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches
célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau
Délices
des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui
se moire
À l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse
aux soleils prochains de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je
chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Éternel
Avant
que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.
In
Chants
d’ombre
(1945),
ibid
p. 16-17
Léopold Sédar Senghor est né en 1906, à Joal, au Sénégal. Sa famille a quitté la Guinée portugaise au XVème siècle, pour s’installer en Casamance. D’où l’origine de son nom, dont il est fier, Senhor signifiant Monsieur en portugais. Par son père, catholique et riche commerçant, il appartient à l’aristocratie sérère des Guelwâr, descendants des conquérants mandingues. Sa mère, tout en appartenant à l’ethnie sérère, a des origines peules. Sédar, son prénom sérère, signifie « Qui n’a pas honte ». Tout un programme pour celui qui revendiquera plus tard la couleur de sa peau !
Il passe sa prime enfance dans sa famille maternelle. À son baptême, à l’âge de 6 ans, il reçoit le prénom de Léopold, et son père l’envoie à la mission catholique de Djilor, pour y apprendre le français. Deux ans plus tard, il rejoint l'internat de N’Gazobil, tenu par les Pères Spiritains, où il reçoit un enseignement à la Montaigne, dans le cadre d’une vie pastorale et buissonnière. En 1923, il poursuit ses études à Dakar au Collège Libermann. En 1928, devenu bachelier, il obtient une bourse pour continuer ses études en France.
À 22 ans, étudiant à la Sorbonne, il entre au Lycée Louis-le-Grand, afin de préparer le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure. Il y rencontre, entre autres, Georges Pompidou et Aimé Césaire. Naturalisé français en 1932, il obtient en 1935 l’agrégation de grammaire, devenant le premier Africain agrégé de l’Université. Avec Césaire et Damas, il fonde la revue L’Étudiant noir. Il est nommé professeur de lettres classiques au lycée Descartes de Tours en 1937, puis au lycée Marcelin Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés en 1938.
C’est au cours de cette décennie passée en France que s’est forgé en lui son sentiment d’appartenance à la négritude. D’abord le désenchantement, face aux valeurs figées de la France bien-pensante des années trente. Puis un profond malaise, lors de l’exposition coloniale de 1931, qui lui fait déclarer : « Je déchirerai le rire banania sur tous les murs de France ». Loin de ses racines africaines, un sentiment de grande solitude l’envahit.
Je suis seul
Je
suis seul dans la plaine
Et dans la nuit
Avec des arbres
recroquevillés de froid
Qui, coudes au corps, se serrent les uns
contre les autres. (…)
Je suis seul dans la plaine
Et
dans la nuit
Je suis la solitude des poteaux télégraphiques
Le
long des routes
Désertes.
In
Poèmes
divers, ibid
p. 219
Et dans son poème « Le portrait », tiré du même recueil, il ajoute : « Voici que le Printemps d’Europe / Me fait des avances…/ Il ne sait pas encore / L’entêtement de ma rancœur aiguisé par l’Hiver / Ni l’exigence de ma négritude impérieuse » (p. 219-220).
Mobilisé en 1939, bien que de nationalité française, il est incorporé dans l’infanterie coloniale, puis fait prisonnier en juin 1940. Il passe de longs mois dans divers camps à travers la France, temps qu’il consacre à la poésie. Malade, réformé, puis libéré, il reprend l’enseignement à Saint-Maur en 1942, tout en participant activement à la résistance jusqu’en 1945. La captivité au milieu de ses frères d’Afrique lui a fait retrouver toute la fierté de sa culture, comme il l’exprime dans ce poème :
Prière aux masques
Masques !
O Masques !
Masque noir masque rouge, vous masques
blanc-et-noir
Masques aux quatre points d’où souffle
l’Esprit
Je vous salue dans le silence ! (…)
À votre
image, écoutez-moi !
Voici que meurt l’Afrique des empires
– c’est l’agonie d’une princesse pitoyable
Et aussi
l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril.
Fixez vos yeux
immuables sur vos enfants que l’on commande
Qui donnent leur vie
comme le pauvre son dernier vêtement.
Que nous répondions
présents à la renaissance du Monde
Ainsi le levain qui est
nécessaire à la farine blanche.
Car qui apprendrait le rythme au
monde défunt des machines et des canons ?
Qui pousserait le
cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l’aurore ?
Dites,
qui rendrait la mémoire de vie à l’homme aux espoirs
éventrés ?
Ils nous disent les hommes du coton du café de
l’huile
Ils nous disent les hommes de la mort.
Nous sommes
les hommes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant
le sol dur
In
Chants
d’ombre (1945),
ibid p.23-24
Un peu plus loin, il ajoute : « Je chante un noble sujet ; que m’accompagnent kôras et balafong ! » (p 33). Car pour lui, rythme et mélodie font partie intégrante de sa poésie, comme forces créatrices.
Avec Hosties noires, publié en 1948, il retrace la souffrance du peuple noir longtemps humilié, maltraité et son récent sacrifice au combat. Dans un esprit non de haine, mais de pardon, le poète en lui rendant hommage veut restaurer sa mémoire, espérant que son sacrifice permette l’avènement d’un monde meilleur.
Prière
de paix
(pour grandes orgues)
Seigneur Dieu,
pardonne à l’Europe blanche ! (…)
Seigneur, pardonne à
ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des
adjudants
De mes domestiques des boys et de mes paysans des
salariés, de mon peuple un peuple de prolétaires.
Car il faut
bien que tu pardonnes à ceux qui ont donné la chasse à mes enfants
comme à des éléphants sauvages.
Et ils les ont dressés à
coup de chicotte, et ils ont fait d’eux les mains noires de ceux
dont les mains étaient blanches.
Car il faut bien que Tu
oublies ceux qui ont exporté dix millions de mes fils dans les
maladreries de leurs navires
Qui en ont supprimé deux cents
millions.
Et ils m’ont fait une vieillesse solitaire parmi la
forêt de mes nuits et la savane de mes jours. (…)
In Hosties noires (1948), ibid p 93 (extraits)
À la Libération, Senghor s’engage dans l’action politique de la France coloniale. Élu député du Sénégal-Mauritanie, il siège à l’Assemblée Nationale. Réélu en 1951, il est nommé Secrétaire d’État à la Présidence du Conseil, dans le gouvernement d’Edgar Faure (1955-1956). Puis devient Ministre Conseiller de la Communauté (Fédération du Mali), dans le gouvernement de Michel Debré (1959-1960).
Il publie Éthiopiques en 1956. Une évocation du pays « des visages brûlés », qui, en renvoyant à l’héritage grec, met en œuvre le métissage culturel auquel il aspire. Un recueil où s’exprime le conflit intérieur de l’auteur, entre sa vie publique et sa vie privée (« Ta seule rivale, la passion de mon peuple »). Une poésie de la négritude, dans une Afrique primordiale et harmonieuse, où le poète chante sa bien-aimée absente, sous les traits de l’Éthiopienne, figure archétypale de la femme africaine.
Le 5 septembre 1960, Senghor devient le premier président de la toute nouvelle République du Sénégal. Une fonction qu’il exercera jusqu’en 1980, et dont il démissionnera au cours de son 5ème mandat. Président catholique d’un pays islamisé à plus de 90 %, il lui a fallu beaucoup de finesse politique pour gouverner 20 ans sans trop de soubresauts.
En 1961 il publie Nocturnes, un ensemble de poèmes où il fait l’éloge de la femme noire, avec les 21 Chants pour Signare. Exaltant également la bravoure de sa race face aux conquérants portugais, ainsi que les valeurs culturelles de son continent.
Élégie des Saudades
J’écoute
au fond de moi le chant à voix d’ombre des saudades.
Est-ce
la voix ancienne, la goutte de sang portugais qui remonte du fond des
âges ?
Mon nom qui remonte à sa source ?...
Me
souvenir, mais simplement me souvenir…
Chamelier maure, te
voici donc dressé à ma mesure – c’était au siècle de
l’honneur
Guerrier, à la hauteur de mon courage.
À tes
ruses obliques, opposer la droiture de ma lance – elle porte
l’éclair comme un poison
À ta ruse, mon élan sans couture…
Ma
mission est de paître les troupeaux
D’accomplir la revanche et
de soumettre le désert au Dieu de la fécondité.
C’était au
siècle de l’honneur.
La bataille était belle, le sang vermeil
la peur absente.
À l’ombre de mes dunes, chantent les saudades
de mes gloires perdues…
J’écoute au plus profond de moi la
plainte à voix d’ombre des saudades.
In Nocturnes (1961), ibid p 203-204
Le « président-poète », comme il aime se présenter lui-même, publie deux nouveaux recueils de poèmes durant sa présidence. Le premier en 1972, Lettres d’hivernage, qu’il consacre à sa seconde femme Colette, une Normande qu’il a épousée en 1957. Dans le second recueil, Élégies majeures, publié en 1979, Senghor, mêlant harmonieusement christianisme, foi païenne et autres croyances, chante le deuil et la souffrance face à la mort d’êtres chers, comme celle de son jeune fils Philippe-Maguilen, de Martin Luther King ou de Georges Pompidou. C’est lors de son passage à Madras, pour se rendre à Pékin, qu’il apprend la disparition de ce dernier. Voici la fin de l’élégie qu’il lui consacre, au cours de ce voyage :
Élégie
pour Georges Pompidou
(…)
Dans la nuit tamoule, je pense à toi mon plus-que-frère.
Au fond
du ciel, les étoiles chavirent sous les madras dénoués.
Comment
dormir en cette nuit humide, odeur de terre et de jasmin ? Je
pense à toi.
Pour toi, rien que ce poème contre la mort.
J’ai
contemplé le Taj Mahal, je l’ai trouvé splendide
Et je l’ai
dédaigné, si froid pour un amour si grand.
Sur l’autel des
paroles échangées, je t’offre ce poème, comme une libation
Non
pas la bière qui pétille et qui pique, je dis bien la crème de
mil
La sève tabala, que danse élancé le Seigneur Shiva.
Écoute
la noire mélopée bleue, qui monte dans la nuit dravidienne.
Pékin
– Madras, 1974
In
Élégies
majeures (1979),
ibid p 321
Toute l’œuvre de Senghor aura été un fervent plaidoyer en faveur de la négritude, ce mouvement qui a vu le jour au Quartier Latin dans les années 30. Avec pour objectif de promouvoir l’émancipation politique et culturelle du peuple noir. En publiant en 1939 Ce que l’homme noir apporte, Senghor insiste sur l’apport des Noirs à la civilisation de l’Universel, une manière d’établir l’égalité des civilisations et d’ouvrir le débat sur la complémentarité des cultures, comme le souligne Nimrod, dans son livre Tombeau de Léopold Sédar Senghor (p38). Pour Senghor, la négritude c’est d’abord le patrimoine culturel, les valeurs et l’esprit de la civilisation négro-africaine. Mais c’est aussi la noblesse et la fierté retrouvée pour chaque noir.
« Ma négritude est truelle à la main », écrit-il dans Élégie des alizés (p265). C’est en 1966, durant sa présidence, que Senghor en donnera la plus belle illustration, en créant à Dakar le Premier Festival Mondial des Arts Nègres. Un événement exceptionnel, placé sous le signe de la Renaissance africaine, où tous les arts se sont trouvés représentés.
Quant à la Francophonie, Senghor en fut l’un des acteurs de premier plan. En brillant théoricien, il la définit à Bangui comme « cet humanisme intégral qui se tisse autour de la terre » (mars 1962). Et dans un article de la Revue Esprit, il présente le français comme « langue de culture » (nov. 1962). Alors que la France accueille son projet avec sympathie et prudence, il en relance l’idée en 1966. Les bases en seront jetées à Niamey en 1969-1970. Depuis 1986, le Sommet de la Francophonie se réunit tous les deux ans, dans l’un des pays participants, représentant 220 millions de francophones à travers le monde. Senghor sera le vice-président de son Haut-Conseil.
Senghor s’est vu gratifié de très nombreux prix en France et à l’étranger, recevant 37 titres de docteur honoris causa décernés par les meilleures universités du monde. En France ses œuvres sont inscrites de son vivant au programme du second degré (1985), ainsi qu’à celui de l’agrégation (1987). Il meurt à Verson, dans sa propriété de Normandie, en 2001, à l’âge de 95 ans. Et est enterré à Dakar.
J’ai fait retraite
J’ai
fait retraite à Popenguine-la-Sérère.
Retourné aux éléments
primordiaux.
À l’eau je dis au sel, au vent au sable, au
basalte et au grès
Comme la blanche mouette et comme le canard
noir, le crabe rose.
Me nourrir seulement de passion pure,
comme d’un lait et très frais de coco
M’endormir sous le
souvenir de toi, au chant des prosopis des filaos.
Mais déjà
tu t’es annoncée aux marées de Septembre
Forte houle d’odeurs
du côté des menthes sauvages.
In
Lettres
d’hivernage, ibid
p 250
Bibliographie sélective
-
Chants d’ombre, © Le Seuil, 1945
-
Hosties noires, © Le Seuil, 1948
-
Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédé de Orphée noir de Jean-Paul Sartre, © PUF, 1948
-
L’apport de la poésie nègre au Demi-Siècle, © Éditions de la Maison du Poète, 1953
-
Langage et poésie négro-africaine, © Éditions de la Maison du Poète, 1954
-
Éthiopiques, © Le Seuil, 1956
-
Nocturnes, © Le Seuil, 1961
-
Liberté I, Négritude et humanisme, © Le Seuil, 1964
-
Les Fondements de l’Africanité ou Négritude et Arabité, © Le Seuil, 1967
-
Lettres d’hivernage, © Le Seuil, 1972
-
Liberté III, Négritude et civilisation de l’universel, © Le Seuil, 1977
-
Élégies majeures, suivi de Dialogue sur la poésie francophone, © Le Seuil, 1979
-
La poésie de l’action, © Stock, 1980
-
Chant de la négritude, © Astrado prouvencalo, 1980
-
Ce que je crois, négritude, francité et civilisation de l’universel, © Grasset, 1988
-
Poèmes divers, © Le Seuil, 1990
-
Liberté V, le Dialogue des cultures, © Le Seuil, 1992
-
Nuits d’Afrique ma nuit noire, poèmes en édition bilingue, © L’Harmattan, 2004
-
Œuvre poétique, © Le Seuil, 2006
Sur l’auteur
-
Léopold Sédar Senghor, par Armand Guibert, coll. Poètes d’aujourd’hui, n° 82, © Seghers, 1961
-
Léopold Sédar Senghor, poète d’Afrique, par Armand Guibert, © Cadernos, 1963
-
Léopold Sédar Senghor, messager de l’universel, par Lamine Diakhate, © Art et Poésie, 1963
-
Léopold Sédar Senghor, © Présence africaine, 1996
-
Léopold Sédar Senghor, le poète-président, DVD d’archives sonores de l’INA, © Jériko, 1999
-
Tombeau de Léopold Sédar Senghor, suivi de Léopold Sédar Senghor, chantre de l’Afrique heureuse, par Nimrod, © Le temps qu’il fait, 2003
-
Léopold Sédar Senghor, genèse d’un imaginaire francophone, par Jean-Michel Djian, © Gallimard, 2005
-
Léopold Sédar Senghor, lumière noire, par Hervé Bourges, © Mengès, 2006
-
Un chant nègre : Léopold Sédar Senghor, un film de Jean-Louis Bonan, DVD 52 min, © Bibliothèque d’information Centre Pompidou, 2006
-
Léopold Sédar Senghor, par Armand Guibert et Nimrod, coll. Poètes d’aujourd’hui, © Seghers, 2006
Internet
-
Un article sur Wikipédia
-
Revue Éthiopiques, Hommage à L.S.Senghor, n° 69, 2ème trim. 2002, De la négritude à la francophonie
Contribution de Jacques Décréau
Bel article synthétique. Bravo.
Rédigé par : fulvio caccia | 26 septembre 2012 à 11:49