Il est né en 1902 dans une famille de propriétaires terriens, Après des études de pharmacie, il se rapproche, pendant quelques temps, des figures marquantes du modernisme brésilien lancé en 1922 à Sao Paulo, directement inspiré du surréalisme européen, et pour lequel la poésie, devait être libre, à la fois dans les mots, dans les vers, dans ses rythmes et dans ses thèmes
Après cette première expérience, Drummond deviendra fonctionnaire, notamment, au cabinet du ministère de l’éducation et journaliste jusqu’à sa mort en 1987, quelques jours après celle de sa fille unique qui aura été jusqu’à la fin sa confidente.
Son œuvre poétique, commencée dès l’adolescence, est un monument considérable qui comporte trente mille vers. Elle a été très peu connue en France jusqu’en 2005, date de parution chez Poésie-Gallimard, d’une anthologie regroupant environ un tiers de son œuvre, traduite et préfacée par Didier Lamaison.
Ses thèmes récurrents sont le temps, dans sa triple temporalité, l’ombre et la lumière, le silence et l’amour, avec de temps à autre une dose d’humour.
Un autre thème plusieurs fois abordé est celui de la pierre, symboles de l’intangibilité et du mystère de la vie: « Les pierres cheminaient sur la route. Voici qu'une forme obscure leur barre le chemin. Chacune de s'interroger dans son expérience propre. Elles connaissaient d'autres formes déambulantes, et le danger de chaque objet circulant sur la terre. Celui-là, pourtant, en rien il ne ressemble aux images triturées par l'expérience, prisonnières de l'habitude ou domptées par l'instinct immémorial des pierres. Les pierres s'arrêtent. Dans leur effort pour comprendre, elles finissent par s'immobiliser tout à fait. Et dans la contention de cet instant, se fixent les pierres — pour toujours — formant au sol des montagnes colossales, ou bien, interdits et pitoyables, de pauvres galets éperdus. Mais la sombre chose — démesurée, quant à elle — est là, à la manière des énigmes qui narguent l'effort d'interprétation. C'est la fatalité propre des énigmes de ne pas se déchiffrer elles-mêmes. Il leur manque une subtilité étrangère, qui les délivre de leur damnée confusion. Et elles la rabrouent dans le même temps, telle est la condition des énigmes. Celle-ci bloqua la progression des pierres, troupeau pris au dépourvu, et demain figera de même les arbres, en attendant qu’advienne le jour des vents, et celui des oiseaux, et celui de l’air pullulant d’insectes et de vibrations, et celui de toute vie , et celui de l’universelle capacité même de se correspondre et de se compléter, qui survit à la conscience. L’énigme tend à paralyser le monde. » La machine du monde et autres poèmes © Poésie/Gallimard 2005 p.121 Trad. Didier Lamaison
Au milieu du chemin
Au milieu du chemin j'avais une
pierre
j'avais une pierre au milieu du chemin
j'avais une
pierre
au milieu du chemin j'avais une pierre.
Jamais je
n'oublierai cet événement
dans la vie de mes rétines tant
fatiguées.
Jamais je n'oublierai qu'au milieu du chemin
j'avais
une pierre
j'avais une pierre au milieu du chemin
au milieu du
chemin j'avais une pierre.
Ibid.p. 21
****
Legs
Quel souvenir laisserai-je au
pays qui m'a donné
tout souvenir, tout savoir, et tout ce que
j'ai senti?
Dans la nuit du sans fin, le temps a tôt fait
d'oublier
ma décoration incertaine, et il rit à mon nom.
Et
je mérite d'espérer plus que les autres, moi?
Toi, tu ne me
trompes pas, monde, et je ne te trompe pas.
Tous ces monstres
actuels, Orphée ne les peut charmer,
il erre, taciturne, entre le
peut-être et le si
Je ne laisserai de moi aucun hymne
radieux,
aucune voix matinale palpitant dans la brume
qu'une
secrète épine puisse arracher à quelqu'un.
De tout ce
qu'aura pu être mon pas capricieux
à travers la vie, restera,
car le reste s'estompe
une pierre qu'il y avait au milieu du
chemin.
Ibid. p. 126
En matière d’écriture, Drummond a expérimenté tous les genres, du populaire au métaphysique et tous les styles, du vers strictement régulier au vers libre.
« Cette exceptionnelle variété de la création drummondienne n'a pas échappé aux critiques, Dieu merci. Pourtant, dans l'énorme discours exégétique suscité par cette œuvre, l'exercice obligé semble consister à réduire pareille luxuriance, à la classer en paliers de végétation. Le principe de structuration le plus fréquent est chronologique. On distingue le Drummond des audaces modernistes (jusqu'à José, 1942), celui de l'engagement social (La rose du peuple, 1945), celui de la tentation métaphysique (jusqu'aux années soixante), celui du ressourcement autobiographique (Boeutemps), et celui de la vieillesse, amalgamant plus ou moins toutes ces époques. Ces principes de « construction » d'une cohérence drummondienne, qu'ils soient diachroniques ou synchroniques, ne manquent certes pas de pertinence. Mais ils sont tous regrettablement appauvrissants. Aucun n'assume la diversité drummondienne comme telle. S'il s'avère, comme nous inclinons à le penser, que ce papillon est guidé, dans ses virevoltes ondoyantes ou badines, par une source de lumière unique, alors Drummond n 'a pas fini de nous émerveiller. Il faudra attendre. Le vieux rafiot de la critique littéraire n'a pas encore abordé aux rivages de la phénoménologie, même si quelques navigateurs solitaires (R. Ingarden, H.R. Jauss et quelques autres) s'y sont déjà égarés.
Serions-nous en train de suggérer que l'immense notoriété de Drummond, que nul ne songe plus à contester aujourd'hui en Amérique du Sud, reposerait sur un malentendu — un de plus? Nous ne saurions verser dans un pareil ridicule. Il semble simplement que le discours critique tenu sur Drummond ne soit pas en synchronie avec son sujet, qui le précède de quelques coudées. Et que la louange publique, qui n'a jamais eu besoin de décryptages philosophiques pour se mettre en branle, le devance tout également. À cette louange unanime, dont Drummond a pu cueillir tous les lauriers de son vivant (il est mort en août 1987), il paraît pourtant qu'il ait manqué un fleuron, au goût même du poète. Peu suspect d'être un gestionnaire sourcilleux de sa gloire, il avait cependant exprimé souvent le souhait d'être traduit et reconnu en France. Aussi bien notre culture ne lui devait-elle pas peu, dont il avait traduit en portugais des œuvres de Molière (Les Fourberies de Scapin, 1962), Laclos (Les Liaisons dangereuses, 1947), Balzac (Les Paysans, 1954,), Maeterlinck (L'Oiseau bleu, 1962), Proust (Albertine disparue, 1956), Mauriac (Thérèse Desqueyroux, 1943). » Préface de D. Lamaison, ibid. p. 12
Les extraits suivants permettront peut-être, de se faire une idée de cette palette luxuriante :
Construction
Un cri jaillit dans l'air
comme une fusée.
Il vient de ce décor d'argile humide, de
gravats et d'échafaudages hirsutes.
Le soleil tombe sur les
choses par plaques bouillantes.
Le marchand de glaces coupe la
rue.
Et le vent joue dans les moustaches de l'entrepreneur.
In La machine du monde et autres poèmes © Poésie/Gallimard 2005 p.21 Trad. Didier Lamaison
****
Congrès international de la peur
Provisoirement nous ne
chanterons pas l'amour,
qui s'est réfugié plus bas que les
souterrains.
Nous chanterons la peur, qui rend stériles les
embrassades,
nous ne chanterons pas la haine car elle n'existe
pas,
seule existe la peur, notre mère et compagne,
la
grand-peur des sertôes, des mers, des déserts,
la peur
des soldats, la peur des mères, la peur des églises,
nous
chanterons la peur des dictateurs, la peur des démocrates,
nous
chanterons la peur de la mort et la peur d'après la mort,
et puis
nous mourrons de peur
et sur nos tombes pousseront des fleurs
jaunes et craintives.
Ibid.p.35
****
Mort en avion
Je m'éveille pour la mort.
Je
me rase, m'habille, me chausse.
C'est mon dernier jour : un
jour
entamé d'aucun pressentiment.
Tout fonctionne comme
toujours.
Je sors dans la rue. Je vais mourir.
Je ne mourrai
pas maintenant. Un jour
entier se profile devant moi.
(…)
Je
vis
mon instant final et c'est comme
si je vivais depuis bien
des années
avant et après ce jour,
une vie continue, sans
rupture,
où il n'y aurait pauses ni syncopes ni sommeils,
tant
est moelleux dans la nuit cet engin et tant aisément il fend
l'air
en blocs de plus en plus gros.
Je suis vingt dans la
machine
qui suavement respire,
entre des panneaux stellaires et
de lointains souffles de la terre,
je me sens normal à des
milliers de mètres d'altitude,
ni oiseau ni mythe,
je garde
conscience de mes pouvoirs,
et sans mystification je vole,
je
suis un corps volant et j'ai toujours des poches, des montres, des
ongles,
relié à la terre par la mémoire et par l'habitude des
muscles,
chair sur le point d'exploser.
Ô blancheur, sérénité
sous la violence
de la mort sans préavis,
précautionneuse et
pourtant irrésistible approche d'un péril
atmosphérique,
coup
percuté dans l'air, lame de vent
dans le cou, éclair
choc
fracas fulguration
nous roulons pulvérisés
je pique
verticalement et me transforme en fait divers.
Ibid. p. 83
****
Conclusion
Les impacts de l'amour ne sont
pas poésie
(ils ont tenté de l'être : aspiration
nocturne)
Mémoire enfantine et pauvreté automnale
se
déversent dans le vers de notre urne diurne.
Qu'est la
poésie? le beau? Il n'est poésie,
et ce qui n'est poésie n'a
pas la parole.
Le mystère en soi non plus que les mots anciens
ne
sont pas poésie : cuisse, furie, cabale.
Alors vient le
découragement. Adieu, tout!
La valise prête, notre corps
détaché,
il nous reste la joie d'être seul, et muet.
De
quoi nos poèmes se forment-ils? Où? Quel
rêve empoisonné leur
répond, si le poète
est un ressenti, et tout le reste, nuages ?
ibid.p. 162
****
Circulation du poète
En cette matinée au trait fin
et ardent,
je suis passé chez toi, cher Facô. Tu étais
encore
à dormir (ou bien tu dormais déjà)
du plus parfait des
sommeils, pourtant tu errais
dans le saphir où les êtres se
diluaient
parmi les moineaux qui picoraient la lumière,
et les
colombes, en cette aise vaporeuse
que la vie exhale quand elle est
accomplie.
J'ai senti ta présence malicieusement
transfusée
dans la couleur, dans l'espace libre,
dans les corps dénudés que
la plage invitait.
Ils ne te savaient pas, et tu étais l'un
d'eux,
et ils portaient avec eux, en un don secret,
une jeune
noire en fleur, un vers hermétique.
Ibid. p. 162
****
Sonnets du passereau
I
Aimer un petit passereau est
chose folle.
Il tournoie libre dans la longue cage bleue
à
m'en oppresser la poitrine, tandis que
le peu de liberté d'aimer
bientôt s'envole.
L'amour est-ce partage à deux? pécule?
obole?
Une pressante, une rauque nécessité
de nous aimer au
sein de l'amour se désole
à chaque baiser que bouche n'a pas
donné.
Le petit oiseau descend à notre portée,
et dans
cette chute soumise un vol s'ensuit,
et se poursuit sans ailes,
comme pure absence,
romance qui dans la romance
recommence.
Pour autant que passe l'amour ou qu'on le nie,
elle
est chant (et non pas oiselle) son essence.
II
Des ailes qui battent ? Rose
ouverte, la jupe
cisèle, dans son tournoiement, le corps
léger.
Entre des muscles suaves, un joyau pur,
scintille à
brève portée du regard, scellé.
Ce qui, lorsqu'à peine
perçu, est évoqué
avec des mots tels que cambrésine ou
duvet,
ce qui est feu subtil, sur la neige attisé,
galbe d'une
cuisse atlantique sur la plage,
cela se résout-il en femme ou
en oiseau?
Au visage ce même air grave ou éthéré,
cette
indécise traînée de soleil couchant,
de fugue, que l'on
retrouve au bec de l'oiseau.
Le reste, c'est guise humaine ou bien
déshumaine,
au gré du penchant où m'incline ma méprise.
Ibid. p. 171/172
****
Lettre
II
fait beau temps que je ne t'ai pas écrit.
Vieilles sont devenues
toutes les nouvelles.
Moi-même j'ai vieilli. Vois comme
ressortent
ces marques sur moi, non pas de tes caresses
(si
légères) à mon visage : ce sont
coups, ce sont épines, ce sont
souvenirs
de la vie à ton fils, qui au crépuscule
se défait
de la sagesse des petits.
L'instant
où tu me manques, ce n'est pas tant
à l'heure de dormir, quand
tu me disais
«Dieu te bénisse», et la nuit s'ouvrait en rêve.
C'est
au réveil, quand je revois dans un coin
toute la nuit accumulée
de mes jours,
que je me sens en vie, et ne rêve pas.
Ibid.p. 198
****
Au dieu komme unik assion
Me voici prosterné à vos
piedsss
qui sont nombreux mais tout pluriel l'est peu.
Par
l'aimable déglutition de vos fèces
sain devient celui qui était
fou.
Pas besoin même de sa tête, puisque la bouche
naît
directement du cou
et que dans votre splendeur d'auréocarat
soleil
devient ce qui était os.
Agénucirconflexé je vous ador
je vous amor, vous, le sonor
dieu de la buccine et de la
morphine
qui me videz en m'emplissant de flatulence
et de flûte
et de phanopée et de phone et de foin.
Votre bêche laboure le
sol de ma chair
et plante des betterages ployant
sous l'intense
moutonneraie bélibêlant
dans laquelle je disperse comprime et
désexprime
ce qui en moi aspirait à être eumain.
(…)
Salut,
Moyen. Salut, Doyen.
La pâte vous salue
en forme de fruit
sec.
Je ne veux pas me taire aux
côtés de l'ami.
Je ne veux pas dormir dans les bras
de mon
vieil amour.
Je ne veux pas lire à côté de lui.
Je ne veux
pas proférer
ma parole
notre parole.
Je ne veux pas siffler
l'air du duo
oiseau/brise.
Je veux kommuniker
par code
décoder
recoder
électroniquement.
Si je kommunike
quelle
érotique
je me centimultiplique
scotch au bec
je chique
fleuve prolifique
je gicle
de plaisir dans mon pot
urétique
en votre honneur, ô Dieu Kommunikalesque.
Las de kommuniker
dans mon
petit village
je monte au ciel en fusée
jusqu'à la première
solitude .
emportant le bruit
la couleur, le pavillon
de
la kommunikangoisse
interplanétaire interstupidale.
Je convie les astres
à
un cocktail.
les
mondes épars
à une convention
l'innocence des galaxies.
à
la noctivelle
la neigelle .
le show de balle
le
sexpudding
le blablaboum.
Et quand il ne restera plus
le
moindre point
à détecter
à envahir
à consommer
et
que tous les êtres
seront atomisés dans le supermessage
du
supervide
et que toutes choses
s'éteindront dans le circuit
global
et que le Moyen
cessera d'être Fin et arrivera à la
fin,
Seigneur! Seigneur!
qui vous sauvera
de votre propre,
de votre terrible
tremblouillarde
inkommunikhassion ?
ibid. p. 213
****
Durée
Le temps était-il bon? Le
temps
n'était pas. Il est, pour toujours.
Le lierre de l'ère
d'antan
infatigablement suinte.
C'est arrivé voilà mille
ans ?
Ça continue à arriver.
Dans les bouts de chiffons les
plus
ternis, je me lis et relis.
Tout est-il mort, dans la
distance
qui va de quelqu'un à lui-même ?
Tout est en vie,
mais sans l'angoisse
d'aimer et d'être prisonnier.
Car
tout à la fin se libère
des fers qui dans l'air sont
forgés.
L'âme sourit, déjà bien proche
de la racine même
de l'être
ibid. p. 223.
****
Négresse
La négresse à tout
la
négresse à tous
la négresse à couper le foin à planter
arroser
cueillir charger amasser au grenier
ensacher
laver
repasser ravauder coudre cuisiner
fendre le bois
essuyer le
derrière des petits patrons
baiser.
La négresse à tout
rien
qui ne soit tout tout tout
jusqu'à l'instant de
(unique
travail pour son profit exclusif)
mourir.
Ibid. p. 281
****
Vie petite vie
La vieille fille et son pied
de bégonia
la vieille fille et son chat tout gris
la vieille
fille et son gâteau aux amandes
la vieille fille et son tricot à
dentelle
la vieille fille et sa revue de mode
la vieille fille
et son missel
la vieille fille et son armoire fermée
la
vieille fille et sa fenêtre
la vieille fille et son regard
vide
la vieille fille et ses bandeaux grisaille
la vieille
fille et sa mandoline
la vieille fille et le portrait de son
fiancé
la vieille fille et son temps infini
la vieille fille
et son oreiller
ardent, trempé
de larmes.
Ibid.p.286
****
Beijo-flor
Le baiser est-il fleur
dans
le massif
ou désir dans la bouche?
Tant de baisers
naissants
et cueillis
dans le calme du jardin
aucun baiser
baisé
(comment baiser le baiser?)
sur la bouche des filles
et
c'est là qu'ils sont
en suspension
invisibles.
Ibid.p.293
****
La main visionnaire
Psch psch petit
moustique
psch psch petit moustique
psch psch petit moustique
la fille de la maison verte
psch psch petit moustique
qui
retrousse sa robe
psch psch petit moustique
qui entrouvre ses
jambes blanches
psch psch petit moustique
bien au-dessus des
genoux
psch psch petit moustique |
ses cuisses qui
s'arrondissent
psch psch petit moustique
entre ses cuisses
prenant forme
psch psch petit moustique
l'obscur
frisottement
psch psch petit moustique
bosquet, forêt
enchantée,
psch psch petit moustique
que je n'ai jamais vue,
on m'a raconté
psch psch petit moustique
ma main va
remontant
psch psch petit moustique
palpant, lissant
psch
psch petit moustique
et arrive à ce buisson
psch psch
petit moustique
qui m'embroussaille tout
psch psch petit
moustique
dans la nuit la plus poisseuse
psch psch petit
moustique
et je sens que je m'enflamme
psch
psch petit moustique
à ce charbon incandescent
psch
psch petit moustique
je vais brûlant vais mourant
psch psch
petit moustique
psch... psch...
petit moustique
Ah !
Ibid.p.309
Bibliographie
-
La machine du monde, et autres poèmes, © Poésie/Gallimard, 2005, Trad. Didier Lamaison
Internet
-
Encyclopédia Universalis, un article sur le poète.
Contribution de Jean Gédéon
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