Poème en regard - Charles Dobzynski, Si je dérive et Paul Delvaux, Les Adieux 1964

Si je dérive

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Je suis portée au-delà des balises
au-delà du dernier regard
ma main tente en vain d'accrocher
la ligne d'horizon
qui se dévide
mais rien ne peut me retenir
ni le passé ni l'avenir
je ne sais plus maintenant si je nage
ou si je rêve au flux des yeux ouverts
si je dérive
ou si le rivage m'emporte
dans son rouleau de faux-semblants.

7

Toute l'eau de mon corps se révolte
et refuse de rejoindre l'eau de la mer
nulle rame pour la pensée
être devient opaque
l'inéluctable me coince
dans la poigne des vagues
me bat sur mon enclume
m'anesthésie par son éclat
et mon sang se divise
entre une part de vie
et une part de survivance.

8

J'avance et nage sans retour
sur la marge noire du jour.

In J'ai failli la perdre, La disparue, © Clepsydre Éditions de la Différence, 2010, p.73 et 74

Contribution de Roselyne Fritel