Fatrasies
Ces fatrasies de la deuxième moitié du XIIIe siècle sont connues sous l’appellation de « Fatrasies d’Arras ». Leur auteur est inconnu, elles ont été attribuées sans aucune certitude à Jehan Bedel. Il s’agit de «pièces poétiques d’un caractère incohérent ou absurde formées de dictons, proverbes mis bout à bout et contenant des allusions satiriques » (définition du Grand Robert).
Le
son d’un cornet
Mangeait au vinaigre
Le cœur d’un
tonnerre
Quand un béquet mort
Prit au trébuchet
Le cours
d’une étoile
En l’air il y eut un grain de seigle
Quand
l’aboiement d’un brochet
Et le tronçon d’une toile
Ont
trouvé foutu un pet
Ils lui ont coupé l’oreille.
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Un
ours emplumé
Fit semer un blé
De Douvres à Oissent
Un
oignon pelé
S’était apprêté
A chanter devant
Quand sur
un éléphant rouge
Vint un limaçon armé
Qui leur
criait :
Fils de putains, arrivez
Je versifie en dormant.
In Le Livre d’Or de la Poésie française © Éditions Marabout Université- Pierre Seghers– P. 43/44
Reverdie
Ce style de poésie remonte au XIIIème siècle. Il s’agit presque toujours de chansons anonymes évoquant des amours bucoliques.
Voulez-vous
que je vous chante
Un chant d’amour avenant ?
Vilain ne le fit mie,
Mais le fit un chevalier
A l’ombre d’un
olivier
Entre les bras s’amie
Chemisette avait de lin
Et
blanc pelisson d’hermine
Et bliaut de soie ;
Chausses
elle eut de glaïeul
Et souliers de fleurs de mai,
Etroitement chaussée.
Ceinturette avait de feuilles
Qui verdit
quand le temps mouille,
D’or fut boutonnée ;
L’aumônière
était d’amour
Les pendants furent de fleurs :
Par
amour fut donnée.
El’ chevauchait une mule ;
D’argent
était la ferrure,
La selle dorée :
Sur la croupe
par derrière,
Avait planté trois rosiers
Pour lui faire
ombrage.
Si s’en va aval le pré :
Chevaliers l’ont
rencontrée,
Bien l’ont saluée,
- Belle, où êtes-vous
née ?
- De France suis la louée,
Du plus haut
parage.
Le rossignol est mon père,
Qui chante sur la ramée
Au plus haut bocage.
La sirène elle est ma mère,
Qui
chante en la mère salée
Au plus haut rivage.
-Belle,
vous êtes bien née :
Bien êtes apparentée
Et de
haut parage,
Qu’il plût à Dieu notre père
Que vous me
fussiez donnée
A femme espousade !
In Le
Livre d’Or de la Poésie française -
Pierre Seghers - © Éditions
Marabout Université – P. 44/45
Traduction
France Igly
Internet
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Un article nourri de Patrice Uhl, de l'université de la Réunion : Fatras et fatrasie, un imbroglio étymologique et typologique
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Un site consacré aux Fatras et fatrasie
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Une bibliographie générale sur Arlima (Archives de littérature du Moyen-Âge)
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Le site Reverdie, atelier de langue médiévale
Contribution de Hélène Millien
La Reverdie est aussi le titre du deuxième recueil de notre amie Isabelle Lévesque, recueil paru chez Encres vives en 2010.
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