Cette revue des poètes du Sud est née à Montpellier en 1942, dans un temps cadenassé, grâce à la passion d’un cadre de banque et poète, Robert Marty, aidé de son beau-frère Paul Bouges, lui aussi poète et peintre.
Cette revue à laquelle ils donnent le nom de Souffles a l’ambition de réunir autour d’elle des poètes soucieux de conserver leur liberté de parole. Elle débute avec des moyens très modestes, imprimée de façon artisanale sur un double feuillet, comportant des poèmes, et des nouvelles des uns et des autres.
Elle est l’organe d’une Association qui regroupe des écrivains locaux et qui s’élargira peu à peu à tous ceux qui s’intéressent en France à ses travaux.
À ses débuts, elle se réunit plusieurs fois par an pour des réunions informelles au cours desquelles chacun lit ses textes autour du verre de l’amitié.
Dans les années cinquante, le petit bulletin des débuts est remplacé par un opuscule plus conséquent et exigeant sur le plan artistique.
Les deux poètes fondateurs, après plusieurs décennies de direction cèdent la place à Jacques Gasc, puis en 2003 à Jean-Pierre Védrines qui occupera le poste pendant environ huit ans.
Aujourd’hui, Christophe Corp qui la dirige a semé en elle des idées nouvelles et redonné à l’ensemble un souffle nouveau et audacieux, avec, entre autres, des rubriques telles que Poèmes en archipel où sont regroupés les poèmes des auteurs choisis pour figurer dans le numéro, Archipels de la prose consacré à des auteurs prosateurs, Figure de proue où l’accent est mis sur la vie et l’œuvre d’un poète éminent, Fleur de sel qui fait la recension des derniers recueils publiés ou Fenêtre sur art qui regroupe des entretiens avec des comédiens à propos de leur rôle du moment.
Chaque numéro de la revue est consacré à un thème, le prochain à paraître à l’automne 2013 étant Fragments du quotidien.
Et chaque année, la revue organise un ensemble de concours poétiques intitulé Jeux Littéraires Méditerranéens, regroupant une demi-douzaine de prix, et soumis, à un droit de participation pour chacun d’eux, bien que la revue bénéficie de divers soutiens financiers, dont celui de la région Languedoc-Roussillon.
Pour conclure, cette revue, qui a su, depuis plus de soixante-dix ans, se maintenir à flot et se renouveler, est une des grandes publications de poésie, avec un contenu très copieux (plus de 400 pages pour le numéro de printemps 2013), agréablement illustré de photos originales et de reproductions de tableaux contemporains. Elle est également très exigeante dans le choix des poètes qu’elle publie.
Le numéro 240-241 de Souffles qui date du printemps 2013 s'intitule L'arbre à souffle d'un « souffles » à l'autre. C'est là plus qu'une allusion à une autre revue de poésie, également intitulée « Souffles », créée et publiée au Maroc entre 1966 et 1973, par le grand poète Abdellatif Laâbi et des amis poètes et plasticiens, revue d’avant-garde qui a connu, contrairement à la revue française, une existence mouvementée, en raison de ses positions de résistance littéraire et politique face au pouvoir dictatorial du gouvernement marocain de l’époque. Elle a, dès ses débuts, voulu être, plus qu’une simple revue de poésie, un outil de combat et un porte-voix de haut niveau, orienté vers une analyse lucide, à la fois politique, économique sociale ou culturelle, et un relais des idées de l’extrême gauche.
Bien entendu, dans un tel contexte de contestation globale , il était inévitable que le pouvoir en place réagisse par des mesures de coercition. La revue sera interdite en 1973, après huit ans environ d’une existence chaotique et financière fragile. Les membres de son équipe éditoriale vont les uns et les autres, connaître les cachots et les tortures de la dictature. Abdellatif Laâbi, après huit ans de prison sera libéré et trouvera refuge en France où il réside toujours actuellement, participant régulièrement aux manifestations et travaux du milieu poétique, tout en poursuivant son œuvre de poète.
La revue Souffles a fait l'objet d'une étude parue aux éditions du Sirocco en 2013 sous la plume de la journaliste et critique littéraire Kenza Sefrioui.
Bibliographie
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Revue Souffles : abonnement annuel 35€
Adresse : Les Écrivains Méditerranéens, 45 rue Léon Blum, 34660 Cournonterral -
Kenza Sefrioui, La revue Souffles 1966-1973 Espoirs de révolution culturelle au Maroc
Internet
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En mai 2010, à la suite d’un accord passé entre la Bibliothèque Nationale marocaine et Abdellatif Laabi, l’ensemble des numéros de la revue Souffles a été numérisé et mis à la disposition du public francophone.
Contribution de Jean Gédéon
Les périodes Jacques Gasc et Jean-Pierre Védrines sont passées bien rapidement. Dommage car autour de ces deux poètes et Directeurs de la revue Souffles, d'autres poètes de grande qualité (Bertrand, Marty, Gil, Casadavall, Gelbseiden, Kerenguéven, Bréheret...) ont œuvré pour la revue Souffles. Sans nier les qualités de M. Corps, je pense qu'il donne une grande importance à son action au détriment de ceux qui ont porté quotidiennement durant de longues années et, bénévolement, la revue Souffles.
Merci de votre lecture.
Jean-Pierre Védrines
Rédigé par : Jean-Pierre Védrines | 17 mai 2016 à 12:28