Sylvia Plath est le sujet du roman de Oriane Jeancourt Galignani, Mourir est un art comme tout le reste, paru chez Albin Michel en 2013. Sylvia Plath prête facilement à ce genre d'exercice comme l'avait fait précédemment Christine Jeffs en 2003 avec le film Sylvia, tant le personnage fut singulier, tant son itinéraire fut emporté jusqu'à sa fin tragique. Malgré ce suicide à l'âge de 30 ans, elle n'a cessé depuis, d'être une référence pour certains, une égérie pour d'autres, un poète d'importance pour tous.
Terrain privé
Première
gelée, et je marche parmi les roses en fruit, les orteils de
marbre
De ces beautés grecques que tu as prélevées
Au
monceau de reliques de l’Europe
Pour égayer ton coin de terre
du côté de New York.
Bientôt chaque dame blanche sera
claquemurée
À l’abri des crevasses du climat.
Depuis
le début de la matinée l’homme à tout faire, l’haleine
fumante,
Draine les étangs à poissons rouges.
Ils
s’affaissent comme des poumons, l’eau échappée
Se faufilant
pour retourner, filament par filament, aux pures
Altitudes
platoniques où elle vit. Les carpillons
Jonchent la vase comme
des pelures d’orange.
Onze semaines, et je connais si bien
ta propriété
Que je n’ai guère besoin de sortir.
Une voie
express me coupe du monde.
Troquant leurs poisons, les voitures
pour le nord et le sud
Réduisent les serpents assommés en
lambeaux. Ici, les graminées
Déposent leurs chagrins sur mes
chaussures,
La forêt craque et souffre, et le jour
s’oublie.
Je me penche au-dessus de ce bassin drainé où les
petits poissons
Se contractent à mesure que gèle la vase.
Ils
étincellent comme des yeux, et je les ramasse tous.
Morgue
de vieux rondin et de vieilles images, le lac
S'ouvre et se ferme,
les acceptant parmi ses reflets.
In Oeuvres, Poèmes 1959-1963, © Quarto, Gallimard, 2011, p.293 – Traduction de Valérie Rouzeau
Bibliographie partielle
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Oeuvres, Quarto, Gallimard, 2011
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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