éblouissement de la neige sur le chemin où rien ne dure
Chaque titre est un nom, autant de vertiges (vestiges) traversés, dispersés dans le livre que le premier poème, Ignorance, place sous le signe du commencement de la langue. Le texte s’ouvre sur « l’écluse du silence » avant le souffle.
Aux italiques de ce début succèdent les caractères romains qui s’interrompront à leur tour avec le dernier poème en vers qui clôt le recueil. Les instants se suivent et l’oubli menace « avec l’obstination du silence ». Le cycle des saisons le dit qui porte l’interrogation sur la permanence : « sentence au plus haut des branches, dans le cœur brûlant des pierres », elles libèrent des « paroles arrachées à l’éboulis ». Parmi les mots du poème, un « présage », « l’éclat de l’enfance qui ne s’éteint pas ».
Les textes en prose, encadrés par un poème en vers à l’entrée et au terme du recueil, portent cet espoir vivant de captation du jour, fil d’argent d’une écriture apprivoisant les signes de lutte et de perte pour faire entrer la lumière. Poète-narrateur dédoublé en un « tu » qu’il faut éveiller, exhorter à rejoindre le matin « [d]e l’ocre au bout des doigts ». Les verbes affirment le mouvement, « tu éclaires », « tu pousses la porte », alors que les éléments (vent, terre) associés et promis libèrent des forces créatrices qui élèvent. L’enfance et avril ensemble se joignent :
« Un peu d’air soulevé respire dans tes mains ».
Vertiges successifs et nécessaires, désignés sous forme nominale en titres des poèmes : Ignorance, Soif, Égarement, Traversée, Débâcle… Au milieu cependant cette incursion Promesse : éloigner « la faux ». Ses présages sombres écartés révèlent une lumière « [d]ans le chavirement de l’été ». « [S]imple blessure » dont la cicatrice conditionne le retour de la sève et de « l’arche renversée ».
Quête pour que le ciel et le poème se trouvent, « sillage d’une éternité sans partage ».
Internet
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Alain Fabre-Catalan dans Recours au poème
Contribution de Isabelle Lévesque
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