Nous partirons beaucoup plus loin, beaucoup plus vite,
dans un champ de choux rouges et de soleils-tomates
les yeux écarquillés pour y manger la nuit
et nous n’y verrons rien. Nous verrons les potiers
modeler vainement le vent, et l’aventure
ne fuira plus. Nous serons au cœur des rumeurs
comme des bulles de cornues. Dans le niveau d’eau des maçons
notre œil naviguera pour n’y plus voir le monde
et les mains, à tâtons ne se trouveront plus.
Il y a longtemps, entre 37° centigrades et la parole,
On parlait d’un accord. Quel accord ? Et quels chants
dont vous gardez le souvenir, dans le silence
d’un monde déserté ? Il n’y a rien que des éclairs,
Borborygmes de molécules, on a désintégré les hommes
et les voici, de-ci, de-là, séparés d’eux-mêmes, dans le désert.
N’oubliez pas : on leur avait offert le monde,
Ils vivaient, ils regardaient passer les trains
de leurs rêves qu’ils ne prenaient qu’à l’improviste
pour en tomber un peu plus loin, mais ils traversaient les saisons.
Ils parlaient entre eux, ils faisaient l’amour, jouaient aux cartes,
C’était il y a des millions d’années… C’était au temps
des navigateurs qui récupéraient des fusées
dans le sang et le bleu, quand l’aventure prenait fin.
In Le temps des merveilles – Dialogue(1965) - © Seghers,1978, p.136
Contribution de Hélène Millien
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