Décédée le 3 septembre dernier à l'âge de 78 ans, Jacqueline Risset a une place remarquable dans la poésie contemporaine. En sus de son œuvre personnelle, elle fut particulièrement une spécialiste et une traductrice de Dante.
Dans un article du Monde des livres, en date de mars 2014, consacré au dernier livre de Jacqueline Risset, Les Instants les éclairs, Josyane Savigneau écrivait à son propos : « En la rencontrant, on est délivré de la peur de vieillir. On la fait reparler du bonheur et de la joie, le bonheur qu'on peut retenir, à défaut de pouvoir le décider, et la joie qui surgit, s'élève comme une flamme « tout à coup et reliée à rien ».
Amor che ne la mente
Amor che ne la mente mi ragiona
Amour qui résonne
qui raisonne
dans mon âme
dans mon corps-cœur
sur l'axe de cristal
viens avec moi promène-toi avec moi
au bord de mer avec les crabes
Amour qui me fais penser
et me dévies toutes mes pensées
tu m'apportes de lui des morceaux
morceaux passés
surgis présents
inaltérables :
axe droit de son corps dansant
sa voix pressée dans le couloir
la main serrant la main -
dans le sommeil
ou sauvage au visage fermé
sans me répondre
Et moi dans la piscine
entre les palmiers du palace
je nage en tournant parmi les palmiers
- et quand je remonte au soleil sur le bord
je lis :
« à fleur de peau d'urgence »
« rire au soleil »
« présage »
Amour qui raisonne en mon âme
mais la musique est encore loin
sur cette plage
allons plus haut
et courons vite au Paradis
pour y chanter ensemble :
« Amor
Amor ne la mente
Tu me résonnes… »
In L'Amour de loin, © Flammarion, 1988, p.36
Internet
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Un article sur francetv.info/culturebox
Contribution de PPierre Kobel
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