En 2007, les éditions Zulma mettaient à la disposition de tous, un texte qui est un chef-d’œuvre, en publiant Le Chant du peuple juif assassiné.
Itskhok Katzenelson est né en Biélorussie en 1886. Il déménage jeune à Lodz avec sa famille. Dès 1904 il publie ses poèmes en yiddish à Varsovie où vont paraître la plupart de ses œuvres jusqu’à la guerre. En 1910, il reprend l’école paternelle qu’il dirige à son tour jusqu’en 1939. Entre-temps, il voyage à Genève, Berne, Berlin, mais aussi en Palestine et en Amérique. Il a écrit des poèmes, des pièces de théâtre et des chants.
Yitskhok Katzenelson a écrit ce long chant alors qu’il était prisonnier au camp de Vittel d’octobre 1943 à janvier 1944, après qu’il eut passé trois ans dans le ghetto de Varsovie et vécu le meurtre de sa femme et de deux de ses enfants. Il fut déporté avec son dernier fils par le convoi n°72, parti le 29 avril 1944, de Drancy vers Auschwitz où ils moururent dès leur arrivée.
Auparavant il avait écrit : "Je vais cacher ces papiers, car si les meurtriers allemands les trouvent, ils vont me tuer et, ce qui est pire, ils vont détruire ces notes fragmentaires qui ne racontent qu’une infime partie des tortures qui nous furent infligées par ce peuple d’assassins."
Le Chant du peuple juif assassiné est écrit par choix en yiddish. Il est construit en quinze chants de quinze versets chacun de quatre vers devenant de plus en plus libres. Il y met sa souffrance personnelle, son désespoir, mais aussi la révolte qu’il crie. Katzenelson met des mots sur l’assassinat d’un peuple et se fait son porte-parole, joint sa voix à celle des plus grands prophètes.
Charles Dobzynski écrit de ce texte que c’est « son œuvre essentielle, où se rencontrent, à l’altitude du témoignage, de l’incantation et du cri, le sens du destin de la tragédie grecque et la voix des prophètes. »
« Dans le Chant du peuple juif assassiné, toutes les périodes de l’histoire entrent en collision, tous les passés et tout le présent en anachronie, en chaos. Et ce choc produit une déflagration, un éclair, un précipité, une concrétion du temps qui anéantit le passé comme le présent et l’avenir. » écrit Rachel Ertel dans sa présentation de l’œuvre.
« Chante, chante, prends ta harpe vide, creuse et légère,
Sur ses cordes fines, jette tes doigts pesants,
Cœur lourd de douleur et chante le dernier chant
Chante les derniers Juifs d’Europe sur cette terre.
(…)
Venez tous, de Treblinka, d’Auschwitz, de Sobibor,
De Belzec, de Ponar, venez d’ailleurs encore, et encore, et encore !
Les yeux exorbités, le cri figé – un hurlement sans voix – sortez
Des marais, des boues profondes où vous gisez enlisés, des mousses putréfiées »
Bibliographie partielle
-
Yitskhok Katzenelson, Le Chant du peuple juif assassiné, traduction du yiddish par Batia Baum
-
Charles Dobzynski, Anthologie de la poésie yiddish, Édition Poésie / Gallimard,2000
Internet
-
Wikipédia, une liste d’œuvres poétiques sur la Shoah
-
Éditions Zulma
-
Batia Baum dit le chant 1 du Chant du peuple juif assassiné
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires