Le Seuil poursuit la publication bilingue des poèmes de Pasolini sous la gouverne de René de Ceccaty. Après Adulte ? Jamais, un choix publié en 2013, un deuxième volume, La persécution, réunit des textes de 1954 à 1970. Ils mettent en lumière la place primordiale que tint la poésie dans le processus créatif de Pasolini et quel accompagnement elle fut tant pour sa vie privée que pour ses œuvres cinématographiques et ses engagements politiques. Si ces textes furent souvent écrits en réaction à des événements, ils n’en constituent pas moins un corpus expressif de la pensée et de la trajectoire de Pasolini dont les convictions et le destin font de lui, un des artistes majeurs du XXe siècle.
Del mondo antico e del mondo futuro
era rimasta solo la bellezza, e tu,
povera sorellina minore,
quella che corre dietro ai fratelli più grandi,
e ride e piange con loro, per imitarli,
e si mette addosso le loro sciarpette,
tocca non vista i loro libri, i loro coltellini,
tu sorellina più piccola,
quella bellezza l’avevi addosso umilmente,
e la tua anima di figlia di piccola gente,
non ha mai saputo di averla,
perché altrimenti non sarebbe stata bellezza.
Sparì, come un pulviscolo d’oro.
Il mondo te l’ha insegnata.
Così la tua bellezza divenne sua.
Dello stupido mondo antico
e del feroce mondo futuro
era rimasta una bellezza che non si vergognava
di alludere ai piccoli seni di sorellina,
al piccolo ventre così facilmente nudo.
E per questo era bellezza, la stessa
che hanno le dolci mendicanti di colore,
le zingare, le figlie dei commercianti
vincitrici ai concorsi a Miami o a Roma.
Sparì, come una colombella d’oro.
Il mondo te l’ha insegnata,
e così la tua bellezza non fu più bellezza.
Ma tu continuavi ad essere bambina,
sciocca come l’antichità, crudele come il futuro,
e fra te e la tua bellezza posseduta dal potere
si mise tutta la stupidità e la crudeltà del presente.
Te la portavi sempre dentro, come un sorriso tra le lacrime,
impudica per passività, indecente per obbedienza.
L’obbedienza richiede molte lacrime inghiottite.
Il darsi agli altri,
troppi allegri sguardi, che chiedono la loro pietà.
Sparì, come una bianca ombra d’oro.
La tua bellezza sopravvissuta dal mondo antico,
richiesta dal mondo futuro, posseduta
dal mondo presente, divenne così un male.
Ora i fratelli maggiori finalmente si voltano,
smettono per un momento i loro maledetti giochi,
escono dalla loro inesorabile distrazione,
e si chiedono : «È possibile che Marilyn,
la piccola Marilyn ci abbia indicato la strada ? »
Ora sei tu, la prima, tu sorella più piccola,
quella che non conta nulla, poverina, col suo sorriso,
sei tu la prima oltre le porte del mondo
abbandonato al suo destino di morte.
Marilyn
Du monde antique et du monde futur
n’était resté que la beauté, et toi,
pauvre petite sœur cadette,
celle qui court derrière ses frères aînés,
et rit et pleure avec eux, pour les imiter,
et se met leurs écharpes,
touche en cachette leurs livres, leurs canifs,
toi petite sœur la plus jeune de toutes,
cette beauté tu la portais humblement,
avec ton âme de fille du petit peuple,
tu n’as jamais su que tu l’avais,
parce que autrement ça n’aurait pas été de la beauté.
Elle a disparu, comme une poussière d’or.
Le monde t’en a donné conscience.
Ainsi ta beauté est devenue sienne.
Du stupide monde antique
et du féroce monde futur,
était resté une beauté qui n’avait pas honte
de faire allusion aux petits seins de la petite sœur,
au petit ventre si aisément dénudé.
Et c’est pourquoi c’était de la beauté, celle-là même
qu’ont les douces mendiantes noires,
les gitanes, les filles de commerçants
qui gagnent les concours de beauté, à Miami ou à Rome.
Elle a disparu, comme une colombe d’or.
C’est le monde qui t’en a donné conscience,
et ainsi ta beauté a cessé d’être beauté.
Mais tu continuais à être enfant,
idiote comme l’Antiquité, cruelle comme l’avenir,
et entre toi et ta beauté accaparée par le pouvoir
se sont mises toute la stupidité et la cruauté du présent.
Tu l’emportais, comme un sourire entre les larmes,
impudique par passivité, indécente par obéissance.
L’obéissance exige bien des larmes qu’on ravale.
Et de se donner aux autres regards trop gais,
qui demandent leur pitié.
Elle a disparu comme une blanche ombre d’or.
Ta beauté, survivante du monde antique,
exigée par le monde futur, accaparée
par le monde présent, devint ainsi un mal.
Maintenant les grands frères se tournent enfin,
arrêtent un instant leurs maudits jeux,
sortent de leur inexorable distraction,
et se demandent : « Se peut-il que Marilyn,
la petite Marilyn nous ait indiqué la voie ? » Maintenant c’est toi,
la première, toi la plus petite des sœurs, celle
qui ne compte pour rien, pauvre petite, avec son sourire,
c’est toi la première au-delà des portes du monde
abandonné à son destin de mort.
In La Persécution, poèmes choisis, présentés et traduits par René de Ceccaty, © Seuil, Points, 2014, p.90
Bibliographie partielle
-
Un important dossier sur le poète dans le numéro 48/49, printemps été 2010 de la revue Diérèse
Internet
-
Dans La Pierre et le Sel, un article de Jean Gédéon, Pier Paulo Pasolini, poète rebelle
Contribution de PPierre Kobel
En complément :
- Un important dossier sur le poète dans le numéro 48/49, printemps été 2010 da la revue DIERESE,
- Un article bio/bibliographique de Jean Gédéon dans le n° du 24/05/2012 de la revue "La Pierre et le Sel" intitulé P.P. Pasolini poète rebelle".
Rédigé par : Jean Gédéon | 06 novembre 2014 à 14:40