À l’heure où nous devons faire face à des attentats révoltants, en France et ailleurs dans le monde, deux poèmes pour répondre avec la parole de la poésie.
Fawzieh Rahgozar
Il tue
Il est le guerrier des tueries inutiles
Il est drogué
de feu
de sang
de mort
Il ne sait pas les caresses
Il ne sait que la mort à donner
Il est le guerrier des chemins déviés
perdus
tortueux
qui se pose sur le rocher de la nuit
Il reste là, assis, et ne songe qu’à tuer
Il jouit
de ses souvenirs ensanglantés
Il est drogué
à l’opium, à… À tout ce qui drogue
Il n’est pas anxieux
Il est vide
vide de lui-même
vide de lumière
Il jouit
de l’odeur du sang
Il est peut-être une mauvaise prière
Il est sans larme
Il ne sait pas la douleur de mourir
Il jouit
de la vengeance
Il se pose sur le rocher de la nuit
Et les ténèbres le réjouissent
Il ne porte pas de médaille d’honneur
Pas plus qu’un cœur blessé
Il n’a pas de foi
Et pourtant il proclame la grandeur de Dieu
Comme une chouette aveugle
Il erre parmi les rochers de la nuit.
Texte inédit en français, traduction Leili Anvar, publié dans Guerre à la guerre, © Bruno Doucey, Collection Poés'idéal, 2014
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Ibn 'Arabî
Prodige
… Prodige ! Une jeune gazelle voilée
Montrant de son doigt pourpré et faisant signe de ses paupières !
Son champ est entre côtes et entrailles,
O merveille, un jardin parmi les flammes !
Mon cœur devient capable de toute image :
Il est prairie pour les gazelles, couvent pour les moines,
Temple pour les idoles, Mecque pour les pèlerins
Tablettes de la Torah et livre du Coran.
Je suis la religion de l’amour, partout, où se dirigent ses montures,
L’amour est ma religion et ma foi.
In Le chant de l’ardent désir, traduction Sami-Ali, © Sindbab-Actes Sud
Contribution de PPierre Kobel
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