L’homme
Prologue à ce qui devait être un long long poème
Sa bonne mesure est l’histoire, ancienne et ironique ;
Pas l’histoire moderne, inassouvie et trouble –
Mornes et humides journées terribles de tonnerre et de foudre ;
Pauvre homme des cavernes, si effrayé de l’extérieur,
Craignant tant son pouvoir et sa beauté,
Créa une limite, et appela cette limite Dieu –
Cellule, poisson, homme-singe, Adam ;
Comment est né le premier homme ?
Et pourquoi ne naît-il plus ainsi ?
L’air son combustible, la volonté mon moteur, les jambes ses roues,
Les yeux son gouvernail, les oreilles l’alerte ;
Il ne pouvait pas voler, mais maintenant il le fait –
Les ongles cheveux dents os sang
Tout communie avec la chair ;
Le cœur qui sent toutes les choses dans la vie
Et finalement sent dans la mort ;
Les mains aux regards et en action sont magistrales ;
Les yeux les yeux ;
Le pénis est une baguette magique,
La matrice plus grande que le Printemps –
J’ignore s’il est l’héritier d’Adam
Ou parent du singe,
Aucun homme ne le sait ; quel bon mystère moteur –
Je peux imaginer une âme, l’âme qui quitte le corps,
Le corps qui nourrit la mort, la mort rien qu’une mesure d’hygiène ;
Je peux m’émerveiller de l’univers l’usine de l’âme,
L’âme qui enfile un corps comme des bleus de travail,
Construisant, détruisant, reconstruisant.
Que l’homme puisse penser l’âme est une grande étrange et merveilleuse chose –
Au commencement était le verbe ; l’homme a parlé –
Les Juifs, les Grecs ; le chaos tâtonnant derrière ;
La dignité exaltée chante ; la cithare de l’ange aveugle
Résonne nulle réaction en chaîne que la guerre Mondiale soit la Guerre de Troie,
Pas avec la déesse Éris déniée une place au mariage ;
Pas de louange pour l’homme dans ma guerre, les guerres ont perdu leur côté légendaire –
La Bible chante l’homme dans toute sa gloire ;
Grand Juif, l’homme est tige dure de toi,
C’est toi le premier qui parla amour, Ô noble survivant ;
Les Grecs sont partis, les Égyptiens ont presque complètement disparu ;
Cependant ton testament tient –
La chute de l’homme est un mensonge devant Beethoven,
Une vérité devant Hitler –
L’homme est la victoire de la vie,
Et que le Christ soit la victoire de l’homme –
Le Roi de l’univers c’est l’homme, créateur des dieux ;
Il ne connaît rien d’autre que lui-même
Il se connaît le mieux possible ;
Il existe comme un être de la nature
Et supporte toutes les choses dans leur être ;
Son rêve peut aller plus loin que l’existence –
Plus grande la rose ?
La simple abeille ne le pense pas ;
Quand l’homme chante les oiseaux s’abaissent par humilité ;
Quelle histoire l’empire des baleines peut-il chanter ?
Quelle fourmi géniale ose briser sa condition de fourmi
Comme l’homme peut briser sa condition d’homme ?
Roi Agamemnon ! Homme mortel !
Ah, immortalité –
In Sentiments élégiaques américains, traduction Pierre Joris, © Christian Bourgois, 1977 et 1996
Bibliographie partielle
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Gérard-Georges Lemaire, beat generation une anthologie, © al dante, 2004
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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