À l’instar des Maisons de la Culture, les Maisons de la Poésie sont des lieux de diffusion et d’échanges indispensables dans les réseaux culturels nationaux. Mais elles sont soumises de plein fouet comme tout ce qui touche à la culture aux difficultés économiques et donnent ainsi prétexte à ceux qui voient en elle une gêne ou un obstacle à leur action politique, pour les réduire avant de les fermer. Doit-on répéter ici que les poètes sont des gens dangereux qui donnent à penser et à développer l’intelligence et la sensibilité ? L’histoire et l’actualité ne cessent de le démontrer.
Parmi ces Maisons de la Poésie, celle de Saint-Quentin en Yvelines est des plus anciennes et conduit aujourd’hui sous l’égide de Jacques Fournier de nombreuses manifestations. Roland Nadaus qui en fut le fondateur est l’auteur du texte qui suit sur sa page Facebook et que je relaie en m’associant à la colère et à… l’espérance qui sont les siennes.
« MISE À MORT ANNONCÉE D’UNE (des rares) MAISON DE LA POÉSIE en France :
Après un an de silence (sans doute pour que passent les élections départementales de 2015) la nouvelle majorité (UMP) de la Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (CASQY) vient de délivrer son verdict à travers le vote budgétaire :
DÉMOLITION en règle de la politique culturelle mise en œuvre depuis les débuts de la Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, dont j’ai assumé la vice-présidence puis la présidence (avant de passer volontairement le relais) pendant quinze ans. Ce bouleversement se traduit notamment ainsi :
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Diminution drastique des subventions aux équipements culturels, mais aussi aux associations : selon les cas de 30 à 35 %. Avec menace de 100 % l’an prochain ! Cela met évidemment en péril programmations, actions sociales et culturelles, artistes et personnels.
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Réduction de personnels, voire suppression de postes ‒ y compris dans les équipements communautaires comme la Maison des Sciences, de la Nature et de l’Environnement, ainsi que la Maison de la Poésie. Toutes deux implantées dans deux villes de gauche : quand le hasard, commandité par un audit tenu longtemps secret fait « bien » les choses…
Il y aurait beaucoup à dire sur tout cela. Qui ruine artistes, compagnies, professionnels, intermittents du spectacle, etc. ‒ Et surtout éloigne les publics, et dégoûte les bénévoles associatifs.
Mais juste quelques mots sur la Maison de La Poésie que j’ai fondée ‒ et fait construire « en dur » (je le croyais…) ‒ à la fin de mon mandat, pour qu’on ne m’accuse pas d’avoir, moi aussi, ma « danseuse » ‒ puisque je suis poète et écrivain. Hélas, déjà, il y aura bientôt quinze ans, alors que la Maison était en construction, cette accusation plutôt minable fut relayée notamment par le mensuel « CAPITAL ». À l’époque, j’en fus plutôt fier : être ainsi calomnié par un tel organe ne pouvait que conforter mes choix culturels pour la Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, choix partagés par la majorité qui me soutenait, mais aussi par une partie non négligeable de la Droite locale et yvelinoise.
Mais, plus d’une décennie après, les Revanchards (nommons-les comme ils se comportent et pour certains le proclament cyniquement) les Revanchards s’en prennent à un symbole singulier, très singulier, de la vie culturelle en France, en Île-de-France, en Yvelines, à Saint-Quentin-en-Yvelines.
Et tant pis si des milliers de scolaires, profs, formateurs, animateurs, libraires indépendants, bénévoles d’associations, universitaires et étudiants, etc. ‒ et tant de poètes et d’artistes invités au cours des treize années de vie intense de cette maison dirigée depuis ses débuts par Jacques Fournier ‒ tant pis si tous ceux-là (sans compter les futurs, du coup avortés) resteront non pas au bord du chemin, mais carrément dans le fossé.
« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » : évidemment, l’audit commandité pour dédouaner les idéologues revanchards, ne prend en compte que la fréquentation intra-muros de la modeste Maison de La Poésie : une cinquantaine de places (que le mensuel CAPITAL, bien commandité lui aussi à l’époque, annonçait pourtant comme un véritable château, énorme mensonge…).
Mais cet audit, commande payée sur fonds publics, oublie évidemment les multiples actions hors les murs : 3500 personnes par an au moins. Sans compter l’opération Poésyvelines, avec ses prix aujourd’hui reconnus (dont un prix des collégiens), voulue par le président du Conseil Général Franck Borotra (RPR) alors que j’étais pourtant le président de son opposition départementale… Mais la culture, alors, nous réunissait.
Est-ce exagéré de dire que je ne sais de ce qui l’emporte : la colère, l’effondrement, la révolte ?
Cependant si rien n’est fait, en juin prochain, au moment même où s’ouvrira le Marché de la Poésie de Paris, trentenaire (et lui-même menacé !), alors la Maison de la Poésie de SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES, sise à Guyancourt, dont je fus l’élu 31 ans, et où j’ai osé célébrer les poètes, sera une maison définitivement close. Ajoutons que ce lieu est le siège de la Fédération Européenne des Maisons de Poésie !
Post-scriptum : comme de coutume, les « pharisiens » font la pirouette : il restera une « mission poésie ». Un timbre-poste.
Pas une maison : un placard.
Roland Nadaus
Maire honoraire de Guyancourt (78 280)
Ancien Conseiller Général des Yvelines
Ancien Président de St-Quentin-en-Yvelines
Chevalier de la Légion d’Honneur
Officier des Arts et Lettres
et, pour les humoristes et les poètes : abonné au gaz, à l’électricité, à l’internet… et à l’espérance. »
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Dans La Pierre et le Sel : Recueil : Recueil : Roland Nadaus | D’un bocage, l’autre
Contribution de PPierre Kobel
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