Le 24 juin, il y aura vingt ans qu’André Laude nous quittait durant le Marché de la Poésie. Il s’éteignit dans une chambre amie, rue de Belleville à l’âge de 59 ans, épuisé par la vie. Une vie souvent fantasmée, une vie de mots et de poésie. « « Je suis un mensonge qui dit la vérité » : je n’ai jamais vraiment aimé le poète bricoleur d’Orphée et du Sang d’un poète. Pourtant, cet aveu qu’il jeta un jour n’a cessé de m’occuper, de me hanter. Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ? Qu’importe si Blaise Cendrars le merveilleux voyageur de l’espace du dehors et de l’espace du dedans – frère en cela de Michaux, de Segalen et de quelques autres – n’a pas accompli tous les périples qu’il narre, qu’importe s’il n’a pas fait l’amour avec toutes les femmes qu’il évoque dans sa prose rythmée par les roues des express internationaux, qu’importe s’il n’a pas vraiment vu dans la forêt brésilienne une vieille locomotive des commencements de l’âge d’or du rail, envahie, mangée par les exubérantes fleurs tropicales, les serpents pythons et les fourmis rouges. La littérature n’est qu’un fantastique artifice pour dire quelque chose de vital, de l’ordre de la nécessité. L’écrivain n’a pas à rendre de comptes. Il donne des contes aux petits et grands enfants de la planète, ballottés entre étoiles énigmatiques et drames violents, quotidiens. À un certain degré d’intensité, le rêve devient réalité irréfutable, vécue. »écrivait-il au début de son autobiographie Liberté couleur d’homme. André Laude a rêvé, à en mourir, et il continue de nous enthousiasmer, de nous faire rêver, au-delà de sa mort.
L’actualité de son écriture trouve une réalité dans l’existence de l’Association des amis d’André Laude. Sa poésie est au cœur de son œuvre, mais il reste à découvrir le critique, le journaliste, l’épistolier. Soleil noir de la poésie, il n’a cessé d’animer, parfois jusqu’à la colère et la provocation, la société dans laquelle il a vécu avec la fulgurance de l’utopie.
Avant de mourir, il avait eu le temps d’écrire un dernier poème.
Ne comptez pas sur moi
Je ne reviendrai jamais
Je siège là-haut
Parmi les élus
Près des astres froids
Ce que je quitte n’a pas de nom
Ce qui m’attend n’en a pas
non plus
Du sombre au sombre, j’ai fait
un chemin de pèlerin.
Je m’éloigne totalement sans voix
Le Vécu m’a mille et mille fois brisé, vaincu
Moi le fils des Rois.
Internet
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Poésie urgente, le site des amis d’André Laude
Contribution de PPierre Kobel
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