Paul Éluard est né, il y a cent vingt ans, le 14 décembre 1895 à Saint-Denis. Il devait mourir en novembre 1952, mais dans la mémoire de nombreux poètes et de bien d'autres, il reste encore aujourd'hui une voix essentielle de la poésie. Son poème Liberté était initialement dédié à Nush sa femme et il en a fait un hymne à l'universel. Cette fusion du personnel et du monde, il l'a pratiquée à d'autres reprises et ses chants de l'amour pour la femme sont souvent des chants du monde.
Tu te lèves l'eau se déplie…
Tu te lèves l'eau se déplie
Tu te couches l'eau s'épanouit
Tu es l'eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s'établit
Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l'arc-en-ciel
Tu es partout tu abolis toutes les routes
Tu sacrifies le temps
À l'éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant
Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien
Tu es la ressemblance.
In Facile, 1935, © Gallimard
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Dit de la force de l'amour
Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.
In Après, Poèmes politiques, 1948, © Gallimard
Bibliographie partielle
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Œuvres complètes en deux volumes, La Pléiade, Gallimard
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Le Paul Éluard, images de Mo Xia, album Dada, Mango jeunesse, 2002
Internet
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Dans La Pierre et le Sel un article de Jean Gédéon
Contribution de PPierre Kobel