Les éditions Circé regroupent sous le titre Les Poésies d’amour, un volume regroupant des textes extraits de l’œuvre poétique complète d’Ossip Mandelstam publiée en quatre volumes.
Plus tendre que tendresse
Est ton visage,
Plus que blanche que blancheur
Semble ta main,
Du monde et ses parages
Tu es si loin,
Toi tout entière
Née de l’inexorable.
Nés de l’inexorable,
Ta tristesse
Et les doigts de tes mains
Jamais froides,
Et le son calme
De tes paroles
Que rien ne désespère,
Et le lointain
De tes yeux clairs.
1909
In Les Poésies d’amour, © Circé 2016, p.21 — Traduction Henri Abril
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La tendresse est vraiment,
Tu le sais, inconsciente,
Peu importe comment
Tu nommes mon émoi.
Et à quoi bon l’aveu
Puisque mon existence
À jamais sous les cieux
Fut décidée par toi ?
Prends ma main. Les passions
Sont des serpents qui dansent,
Et leur pouvoir sans fond
Est un aimant mortel !
Et n’osant pas briser
Cette danse inquiétante,
Je regarde flamber
Les joues de demoiselle.
7 août 1911
idem p.27
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Pour réjouir ton cœur voici dans mes paumes
Un peu de soleil et un peu de miel,
Selon la loi des abeilles de Perséphone.
Nul ne peut détacher la barque à la dérive,
Nul n’entend l’ombre bottée de fourrure,
Nul ne peut vaincre la peur au bois de la vie.
Il ne nous reste plus que des baisers
Aussi velus que les minces abeilles
Qui meurent, à peine enfuies de leur ruche.
Dans les fourrés de la nuit elles bruissent,
La forêt du Taygète est leur patrie,
Leur pâture le temps, la mélisse et la menthe...
Prends pour réjouir ton cœur mon offrande sauvage,
Ce simple collier sec d’abeilles mortes
Qui ont su changer le miel en soleil !
1920
idem p.65
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Il est des femmes parentes du sol humide,
Et chacun de leurs pas est comme un grand sanglot :
Escorter les défunts, et ceux qui ressuscitent,
Les accueillir les premières — tel est leur lot.
C’est un crime d’en exiger de la tendresse,
Mais à l’envie de les quitter nul ne succombe.
Ange aujourd’hui, demain ver de la tombe,
Et puis après-demain, simple trace qu’on laisse...
Le pas qui nous porte sera hors de portée.
Immortelles les fleurs. Le ciel demeure entier.
Et ce qui adviendra n’est rien qu’une promesse.
4 mai 1937
Idem p.107
Bibliographie partielle
- La Pierre, © Circé
- Le deuxième Livre, © Circé
- Les Poèmes de Moscou, © Circé
- Les cahiers de Voronel, © Circé
- Mandelstam, mon temps, mon fauve, © Le Bruit du temps/La Dogana, 2012
Internet
- Deux articles dans La Pierre et le Sel
- Poème en regard : Ossip Mandelstam et Edvard Munch de Roselyne Fritel
- Ossip Mandelstam, poète indocile et irréductible de Jean Gédéon
- Fiche Wikipédia
- Une page sur Esprits nomades
Contribution de PPierre Kobel
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