Nous vivons, insensibles au pays qui nous porte,
À dix pas, nos voix ne sont plus assez fortes.
Mais il suffit d’un semi-entretien,
Pour évoquer le montagnard du Kremlin.
Ses doigts épais sont gras comme des asticots,
Et ses mots tombent comme des poids de cent kilos.
Il rit dans sa moustache énorme de cafard,
Et ses bottes luisent, accrochant le regard.
Un ramassis de chefs au cou mince l’entoure,
Sous-hommes empressés dont il joue nuit et jour.
L’un siffle, l’autre miaule, et un troisième geint,
Lui seul tient le crachoir et montre le chemin.
Il forge oukase sur oukase en vrai forgeron,
Atteignant tel à l’aine, tel à l’œil, tel au front.
Et chaque exécution est un régal,
Dont se pourlèche l’Ossète au large poitrail.
In Tristia et autres poèmes, © Poésie/Gallimard, 1982 p. 171-172
Cette épigramme dédiée à Staline que Mandelstam lut un soir à quelques amis signe, à terme, son arrêt de mort. On est alors en 1934 et le poète est parfaitement conscient des risques qu’il encourt à braver ainsi une dictature qui ne tolère pas les déviants. Et comme le lui dit un soir, lors d’une lecture de ce poème, le poète yiddish Markish : « Vous vous prenez par la main pour vous conduire au poteau ».
Pourtant, rien n’annonçait son tragique destin, quand il naît en 1891 dans une famille de petite bourgeoisie dont le père est commerçant en maroquinerie et la mère professeur de piano. Il suit les cours d’une école secondaire réputée aux méthodes pédagogiques nouvelles qui lui fait découvrir la poésie, la musique et le théâtre et il poursuit ses études en Sorbonne à Paris puis à l’Université de Saint-Pétersbourg dans la section français-allemand.
Dès 1908, il écrit ses premiers vers et fréquente La Tour, l’un des groupes littéraires le plus important de l’époque.
Il prend également contact avec la revue Apollon qui publie ses premiers poèmes et sera l’un des fers de lance dans la bataille littéraire qui opposera les Symbolistes et les Acméistes dont Mandelstam sera l’un des actifs propagandistes.
L’Acméisme selon lui est une théorie poétique selon laquelle le mot comme matériau peut se charger, grâce au psychisme du poète d’une énergie positive et verticale qui lui confère un pouvoir supérieur à son sens littéral. Ainsi, écrit-il : «(…) Cette réalité en poésie est le mot en tant que tel. En cet instant, par exemple, alors que je m’efforce d’exprimer ma pensée de la manière la plus claire possible, mais nullement poétique, je me sers, en fait, davantage de mon être conscient que je n’utilise les mots. Les sourds-muets se comprennent parfaitement entre eux et les signaux ferroviaires assument des fonctions hautement élaborées sans pour autant avoir recours aux mots. Ainsi si nous identifions le sens au contenu, tout ce qui appartient en reste au mot sera considéré comme un vulgaire appendice mécanique, risquant d’entraver une plus rapide transmission de nos pensées. Le mot en tant que tel est né lentement. Progressivement, l’un après l’autre, tous les éléments du mot ont été happés dans le concept de forme ; seul le sens conscient – le Logos – est encore considéré aujourd’hui, de façon tout à fait erronée et arbitraire, comme le contenu. » (…)
In Le matin de l’Acméisme, © La revue de Belles-Lettres, 1937 , p. 153 –154
1913 est une date importante pour le poète puisque son premier recueil intitulé La Pierre réunissant des poèmes précédemment publiés en revues sort à compte d’auteur et reçoit un écho favorable de la part du public et des critiques.
Bruit sourd et plein de prudence
Du fruit qui tombe de l'arbre
Parmi l'inlassable chanson
Des profonds bois en silence…
In La Pierre, © La revue de Belles-Lettres, 1937 , p. 27
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De la pénombre, soudain, d’une salle
Sous ton châle léger tu t’es enfuie,
Nous n’avons dérangé personne
Ni réveillé les domestiques endormis…
Ibid p. 28
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Le passant
J’éprouve une crainte plus forte que moi
En présence du mystère des hauteurs,
L’hirondelle dans le ciel me donne joie
Et j’aime les cloches voilières.
Pareil, dirait-on, à un piéton d’autrefois,
Aux passerelles ployant sur l’abîme
J’écoute la croissance des mottes de neige,
L’éternité sonne sur son horloge de pierre.
Hélas !… je ne suis pas ce voyageur
Qui s’efface parmi les feuillages éteints,
Chez moi, vraiment, c’est le chagrin qui chante.
Il y a une vraie avalanche dans les montagnes !
Mon âme tout entière est dans les cloches,
Mais la musique ne sauve pas du gouffre.
Ibid p. 31
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La vie facile nous a rendus fous
Le vin dès l’aube, le soir la migraine
Comment empêcher ta gaieté vaine,
Ton teint trop rouge, peste saoule ?
Le rite des poignées de main, ou le supplice,
Et les baisers nocturnes sous les porches
Lorsque les eaux du fleuve s’alourdissent
Et que les réverbères brûlent comme torches.
Nous attendons la mort comme le loup du conte,
Mais je crains que ne meurt le premier
Celui dont la bouche est rouge-angoissé
Et dont la frange sur les yeux retombe.
Ibid p. 32
Les années 1917-1918 sont, en Russie, le théâtre des violents événements qui vont modifier en profondeur le cours de l’histoire. Mandelstam qui se trouve à Saint-Pétersbourg à cette époque accueille favorablement le nouveau régime et tente, dans ses vers d’en exprimer l’enjeu. Il occupera même, pendant un temps, un poste au Commissariat pour l’instruction populaire.
Mais il se rendra très vite compte de la tournure autoritaire que prend progressivement le régime : concentration du pouvoir, police politique secrète, encouragements à la délation, étouffement des libertés individuelles, procès fantoches, et au mieux enfermement des récalcitrants en camp de concentration ou au pire, exécution capitale.
Mandelstam, au début, a plutôt bien accueilli ces changements mais s’est vite rendu compte de leur côté castrateur et en homme soucieux de conserver sa liberté intérieure, commence à marquer son opposition à l’idéologie dominante.
En mars 1921, il se rend à Kiev et rejoint Nadejda Khazina dont il a fait précédemment connaissance et qu’il épouse un an plus tard. Ils ne se quitteront plus, et partageront jusqu’à la fin, des années de misère. Mandelstam qui refuse obstinément de plier sa poésie aux contraintes des œuvres officielles voit peu à peu se fermer les portes des éditeurs de poésie et des salles de rédaction. Le pouvoir, par l’intermédiaire des critiques littéraires, définit sa poésie comme archaïque, obscure, et contenant des ambiguïtés suspectes contraires à la doctrine du réalisme socialiste… !
En 1934, son épigramme contre Staline ayant été transmise aux autorités, il est arrêté et exilé. Son mandat d’exécution mentionnant toutefois la formule « isoler mais préserver » lui évitera sans doute une exécution sommaire et immédiate.
Le ménage va mener ainsi pendant plusieurs années une vie d’errance misérable à travers la Russie, survivant grâce à des travaux alimentaires de traduction, des articles sporadiques dans la presse littéraire, ou à la générosité de certains de leurs amis.
Le 2 mai 1938, Mandelstam, malade et psychiquement affecté est arrêté pour la seconde fois par la police secrète, condamné à cinq ans de travaux forcés pour activités contre-révolutionnaires, envoyé dans un camp de transit pour être ensuite transféré dans un camp fixe.
Sans que l’on ait aucun renseignement fiable sur cette période, c’est vraisemblablement au cours de ce transfert que celui qui était considéré comme le plus grand poète russe du XXesiècle, selon le jugement de son compatriote Brodsky — partagé par des pairs aussi prestigieux que Nabokov, Pasolini, Paul Celan, René Char, Philippe Jaccottet qui ont écrit sur lui ou l’ont traduit —, meurt de faim, de froid et d’épuisement, le 27 décembre 1938.
Après sa mort, sa veuve, se réfugie en province, travaille pendant un temps en usine, puis entreprend des études de philosophie et obtient un doctorat universitaire. Dès 1938, elle entreprend, avec un courage inébranlable et malgré des difficulté de toutes sortes, de réunir et préserver en les apprenant par cœur tous les textes non publiés de son époux. L’œuvre du poète fera l’objet d’une réhabilitation judiciaire à partir de 1956.
Quant à Nadejda, elle publiera en 1970 trois volumes de mémoires sous le titre Contre tout espoir et, comme le souligne à son propos le dernier chapitre de la biographie du poète dans la revue de Belles-Lettres : « Ce livre admirable – constitué à la fois de souvenirs personnels, d’analyses pertinentes de la poésie russe contemporaine et de celle de Mandelstam en particulier, ainsi que des considérations plus générales des conditions de vie et de pensée en URSS – relate avec un humour virulent et une lucidité poignante, les quatre dernières années du combat de Mandelstam contre les forces qui l’oppressaient. Ce texte frondeur aura valu à Nadejda d’être surveillée par les autorités soviétiques jusqu’à sa mort survenue le 31 décembre 1980 »
Face à ces forces obscures, dans le royaume de la peur et du mensonge, que pèse la poésie, cette évanescence non monnayable et indocile ? Deux fois rien, sauf son poids incalculable de cri dans le désert et de liberté de penser.
Elle peut pourtant, quelquefois, être un outil d’évasion, quand Mandelstam, incarcéré au goulag, clame haut et fort des textes de poésie, pour oublier l’instant, et tente, dans le même temps, de faire rêver ses compagnons d’infortune
Ce soir-là, l’ogivale forêt de l’orgue se taisait.
On nous chantait Schubert – notre berceau natal.
Le moulin murmurait, et dans les chants en rafales
L’ivresse aux yeux bleus de la musique riait.
C’était le monde du vieux lied, brun et vert,
Mais simplement jeune éternellement,
Où le roi des aulnes secoue dans sa folle colère
Des tilleuls rossignols les feuillages grondants.
Et la force effrayante du retour de nuit,
Et cette chanson sauvage comme un vin noir,
C’était ce double, ce fantôme vide,
Son regard de fou derrière la vitre froide !
In Tristia, © La revue de Belles-Lettres, 1937 , p. 48
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Je me suis lavé, de nuit, dans la cour,
Le ciel brillait d’étoiles grossières.
Leur lueur est comme du sel sur la hache,
Le tonneau, plein jusqu’au bord, refroidit.
Le verrou est tiré sur le portail
Et la terre, en conscience, est rude.
De trame plus pure que la vérité
De cette toile fraîche, on n’en trouvera pas.
Dans le tonneau, l’étoile fond comme du sel
Et l’eau glacée se fait plus noire,
Plus pure la mort, plus salé le malheur,
Et la terre plus vraie et redoutable.
In Poèmes (1921-1925) La revue de Belles-Lettres, 1937 , p. 53
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Tel ne voit de l’hiver que le punch aux yeux bleus
ou le vin chaud parfumé de cannelle,
tel autre doit dans l’appentis fumeux
rapporter les décrets saumâtres des étoiles.
Un peu de fiente encore tiède,
un peu d’absurde chaleur de brebis,
tout – pourvu que je vive, qu’on est de moi souci :
on peut me réchauffer au feu d’une allumette.
Voyez : j’ai dans la main une cruche de terre,
des pépiements d’étoiles agacent ma pauvre oreille,
comment ne pas aimer, sous ce maigre duvet
le jaune de l’herbe, la tiédeur de la marne ?
Flatter doucement une laine et remuer du foin,
trembler de faim, l’hiver, comme un pommier paillé,
offrir à tout venant sa tendresse imbécile
et puis griffer le vide et patiemment attendre.
Laissons les conjurés se hâter sur la neige
--la meute des brebis faisant crisser la glace –
Tel hiver est absinthe et gîte plein de suie
S’il n’est sel – à poignées – des griefs solennels.
O, hisser sa lanterne tout au haut d’une perche,
précédé de son chien, sous le sel des étoiles,
courir chez la sorcière, un coq pour son salaire…
Mais la neige blanche blanche me mange les yeux.
Ibid p.55- 56
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J’ai dressé une échelle et puis
j’ai grimpé au fenil hirsute
et humé le poussier des étoiles lactées,
humé la teigne de l’espace
Et songé : faut-il éveiller
l’essaim des résonances longues
et tirer d’une vieille algarade
la merveille d’un chant éolien ?
Il y a sept étoiles au puisoir de l’Ourse
et sur terre cinq beaux sentiments.
L’ombre monte, gonfle et résonne
et s’accroît et résonne encore.
Le grand chariot dételé
s’étale en travers du monde,
l’antique chaos du fenil
vous tue de chatouilles poudreuses.
Nous bruissons d’écailles empruntées,
nous chantons le monde à rebrousse-poil,
trop pressés, pour accorder nos lyres,
de nous fourrer sous la toison crépue.
Les faucheurs rapportent au nid
le chardonneret tombé –
je fuirai les sillons de flamme
pour retrouver ceux de ma gamme,
et ôter le lien de sang rose
aux mains sèches de l’herbe sonnante,
rendant l’un à sa force accrue
et l’autre au sommeil d’un délire.
Ibid p. 58-59
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Nous ne saisissons que par la voix
Ce qui a laissé là-bas sa griffure, a lutté,
Et nous promenons la mine durcie
À l’endroit que la voix désigne.
Je romps la nuit, ardente craie,
Pour graver les signes de l’instant,
J’échange le bruit contre le chant des flèches,
L’ordre contre le tremblement irascible.
Qui suis-je ? Non l’honnête maçon,
Ni le couvreur, ni le navigateur :
Moi, être au visage double, et l’âme hybride,
Je suis ami de la nuit, initiateur du jour.
Béni, celui qui a baptisé le silex
Disciple de l’eau courante,
Béni, qui d’une lanière a noué
Le pied des monts à leur solide socle.
Désormais, j’étudie ce journal intime :
Les égratignures du burin de l’été,
Langage de silex et d’air
Aux strates de ténèbres, aux nappes de lumière,
Et je veux enfoncer les doigts
Dans le chemin pierreux issu de l’ancien chant,
Comme une plaie où fondre entre ses lèvres
Le galet avec l’eau, la bague et le fer à cheval.
Ibid p. 67
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Ne parle à qui ce soit,
Oublie tout ce que tu as vu :
Oiseau, vieillarde, cachot
Ou encore : quoi que ce soit…
Sinon s’emparera de toi
À peine ouvriras-tu la bouche,
À l’approche du jour,
Un petit frisson de sapin.
Et tu reverras la datcha,
La guêpe, ton plumier d’enfant
Ou la myrtille dans les bois
Que tu n’as jamais cueillie.
In Poèmes inédits du vivant de l’auteur, © La revue de Belles-Lettres, 1937 , p. 75
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On s’assiéra à la cuisine tous les deux,
La lampe à pétrole sentira un peu.
Un couteau affûté, une miche de pain…
Gonfle à fond le primus, si tu veux bien,
On ramasse encore de la ficelle pour
Mieux fermer le cabas avant le jour,
Lorsque nous voudrons aller à la gare,
Là où l’on peut échapper aux regards.
Ibid p. 83
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Je ne suis pas encore mort, encore seul,
Tant qu’avec ma compagne mendiante
Je profite de la majesté des plaines,
De la brume, des tempêtes de neige, de la faim.
Dans la beauté, dans le faste de la misère,
Je vis seul, tranquille et consolé,
Ces jours et ces nuits sont bénis
Et le travail mélodieux est sans péché.
Malheureux celui qu’un aboiement effraie
Comme son ombre et que le vent fauche,
Et misérable celui qui, à demi mort,
Demande à son ombre l’aumône.
Ibid p. 120
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Mon chardonneret, je renverserai la tête
Et nous regarderons le monde tous les deux :
Un jour d’hiver piquant comme de la vannure,
Est-il si violent dans tes yeux ?
Plumes jaune-noir, une barque – la queue,
Sous le bec – bigarrure
Comprends quel chardonneret tu
Es !
Quel air sous ce crâne –
Noir et rouge, jaune et blanc !
D’un côté l’autre – toujours sur ses gardes !
Envolé – n’est plus aux aguets !
In les cahiers de Voronej, second cahier, © Harpo,1999-2005
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J’entends, j’entends la première glace,
Son bruissement sous les ponts,
Je me souviens comme nage
Au-dessus des têtes le houblon.
Des rudes escaliers et places
Au palais anguleux, Dante
Chantait avec puissance,
Et les lèvres toujours lasses,
Le cercle de Florence.
Le granit granuleux
Mon ombre croque des yeux,
Elle voit la nuit
Une suite de billots
Le jour c’étaient des maisons.
Et l’ombre se tourne les pouces
Et baille avec vous,
Ou bien chahute parmi les hommes,
Se réchauffant de vin et de ciel,
Et nourrit de pain dur
Les cygnes importuns…
In les cahiers de Voronej, second cahier, © Harpo,1999-2005
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La Pierre, 1915, © Circé
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De la poésie © Arcades/Gallimard, 1990
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Tristia et autres poèmes, © Poésie/Gallimard, 1982
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Poèmes, © Globe, 1992
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Les cahiers de Voronej Vol. 2 © Harpo 1999-2005
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Les cahiers de Voronej Vol. 3 © Harpo 1999-2005
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La revue de Belles Lettres, Lausanne, 1981
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Simple promesse, 1908/1937 Ph. Jaccottet © La Dogana
À propos de
- Ralph Dutli : Mandelstam, mon temps, mon fauve, une biographie, traduit de l’allemand par Marion Graf, revue par l’auteur, © Le Bruit du temps/La Dogana, 608 p.
Internet
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Sur Poezibao, un article d’Alain Paire intitulé « Ce qu’il advient de l’œuvre d’O.Mandlestam »
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Sur esprits nomades, un article de Ph. Jaccottet
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Sur le blog de l’École des lettres, un article de Norbert Czarny
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L’express, un article de Bertrand Dermoncourt
Contribution de Jean Gédéon
je tiens particulièrement à citer ces brefs extraits poignants autant que célèbres, tirés de poèmes dictés par lui, écrits puis appris par cœur par sa femme en 1937, à Voronej, où ils sont en relégation, soit un an avant sa condamnation aux travaux forcés, et qui expriment parfaitement la lucidité et la fierté de ce couple:
En me privant des mers, de l'élan, de l'envol
Pour donner à mon pied l'appui forcé du sol,
Quel brillant résultat avez-vous obtenu:
Vous ne m'avez pas pris ces lèvres qui remuent !
**
Et quand je vais mourir ayant servi mon temps
Moi de tout temps, l'ami de tout vivant sur terre,
Retentira plus haut et plus immensément
L'écho du ciel dans ma poitrine tout entière
(9-19 mars 1937)
Le titre de l'article aurait pu être Ossip Mandelstam, "ces lèvres qui remuent"
Rédigé par : Roselyne Fritel | 30 avril 2012 à 19:42
Il me semble indispensable de préciser les origines juives de Ossip Mandelstam et de son épouse. Il partagera le sort de nombre de ses frères de sang, empêchés d'écrire, de publier, de penser, de peindre, d'exercer leur métier, de survivre et réduits à la compromission ou condamnés, en même temps qu'au silence, à une misère noire, suivie d'arrestations,tortures, déportation ou exécution, sous le règne de Staline mais encore longtemps après, jusqu'à choisir l'exil. Mandelstam et Nadejda ont fait montre d'une fierté et d'un courage exceptionnels en ne cessant de dénoncer cette situation.Dénoncer l'oppression et le racisme d'où qu'il vienne se fait toujours à ses risques et péril Je vous invite vivement à lire les 3 tomes de souvenirs écrits par son épouse sous le titre de "Contre tout espoir", parus chez Gallimard.
Rédigé par : Roselyne Fritel | 30 avril 2012 à 10:56