Décédé en 1981 dans la plus grande discrétion, Pierre-Albert Jourdan ne cherchait pas à être publié. Reconnu par ses pairs, il reste cependant un poète nécessaire à la langue de très haute teneur. Dans sa contribution au Cahier Pierre-Albert Jourdan publié par Le Temps qu’il fait en 1996, Jean-Michel Maulpoix écrit : « Homme aux sandales de paille, homme aux semelles de vent, le poète ne fait que marcher, en direction d’une idée qui ressemble à une aube. L’espace lui « vient au cœur ». Avançant, il aspire, comme tous, au repos d’une borne. Il cherche une clef, une certitude, un moyen de conclure. Il voudrait sa place au soleil, son trou dans la lumière. Mais il ne trouve rien d’autre sous la langue ou sous les pierres que la nécessité d’aller plus loin encore : « la vérité n’est jamais dite. »
la source
Tu es venue. Nul lyrisme dans ta voix. Le seul bruissement de ton bonjour feuillu, étouffé ; tes grands gestes qui se dissolvent dans le ciel. Tout est discrétion, profondeur.
Je m’avance les yeux fermés, sourd à tout bruit alentour. Tu es toute ma mémoire. Des premières pluies languissent. Je respire cet air amoureux.
Les plaies apparaîtront plus tard, lorsque le sang de la vigne pillée s’étalera contre le flanc de la montagne, le ciel pâle.
Plus lointaine alors et douce, terriblement vivante.
Plus lointaine encore et tu seras l’adieu, la dernière relation imperceptible d’un geste las.
In Le bonjour et l’adieu, La terre seule, p.180 – © Mercure de France, 1991
Avec mon pinceau je trace dans l’air
des signes d’encre
oh si légers !
ils sont nuages au couchant
Le soleil a sauté
les grillons parlent
eux seuls
ils strient finement l’espace
notre espace de nuit claire
la douleur n’est plus
que semence dans mes paumes
In Le bonjour et l’adieu, Suite mineure, p.393 – © Mercure de France, 1991
Bibliographie
- Pierre-Albert Jourdan, Cahier dix, © Le Temps qu’il fait, 1996
Internet
- Dans La Pierre et le Sel : Pierre-Albert Jourdan, un poète fantôme de Jean Gédéon
- Une présentation de Pierre-Albert Jourdan par Élodie Meunier
Contribution de PPierre Kobel
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