Lorsque Thierry Metz vint pour la première fois chez Jean Cussat-Blanc, sur la colline de Marcoux, à l’adresse que lui avait indiquée un libraire d’Agen, il fut reconnu immédiatement pour la qualité de son écriture. Jusqu’à sa mort en 1997 et au-delà de façon posthume, la revue Résurrection lui fut fidèle.
Les éditions Pierre Mainard publient un choix des textes de Thierry jamais repris en recueils. Le plus grand nombre parut dans Résu, d’autres l’ont été dans Diérèse, Friches, Possible imaginaire. Vingt ans après la disparition du poète, ces poèmes prouvent l’importance persistante de son œuvre qui tient au plus haut de l’écriture poétique contemporaine.
La constellation du marcheur
À Hassan
Tu le découvres près de toi
Le compagnon limpide
L’oblique migrateur
Celui qui voyage et se tait
Dans la spirale du chantier
Et qu’un oiseau escorte
Le soir
Vers les grands nuages de la lampe
De lui
Tu ne vois que sa nuque
Une parcelle foudroyée
Sur les pentes de l’outil
Une terre d’éclaircie où abonde le silex
Ici
Naître est sans limite
Pelle et pioche t’attendent sur l’autre rive
Mais l’eau
Et ce qui passe
Comment le traverser sans traverser l’énigme ?
Destin du mangeur de pommes
Hors des campements
La parole s’expose à l’ortie
Et tu es là
Homme du cratère
Dans la parole incurvée
Loin de toute cité curieuse
Compagnon des tortues
Femelles du tournesol
L’écureuil nous devance
Il surgit dans la halte
Et déterre le foyer
Nuit d’étape
Celui qui chante
Nous accueille en un lieu d’endurance
Pire que la vigne
D’où lui vient cette aisance dans l’excès ?
L’épaule qui ruisselle ne cesse de battre
S’ouvre et se ferme
Disparaît parmi les chrysalides
Et nous revient
Saison
Aile repliée dans la plus proche galaxie
Que cherche-t-il
Dans la distance familière ?
Horizon
Où
Tout se cherche
Rieur aux mâchoires peintes
Homme que tu voyais de dos
Dans la face cachée de l’arbre
Il s’échappe du prisme
Et te dévisage
Regard qui prolonge d’un jour
La caverne
Et le sentier
Va, dit-il, quitte le mûrier
Plus bas c’est le méandre
Le cerf-volant te conduire
Il nous rejoint dans l’enclume
À l’instant du vin
Et des alliages
Parois d’un feu extrême
Gisement à même le souffle
Le poème explore la roche
L’érosion du sens à midi
Et quand le soudeur est de retour
Sur le versant éclairé du repas
Son chant attire l’orage
Guetteur du monde qui éloigne les fables
Le couteau déploie ses cornes
Et la braise emporte le voyageur
Dans la lampe du terrassier.
La constellation du marcheur.
Résu n° 33, p.26 — Printemps 1986
L’homme a rentré son bois,
coupé son pain. Ouvert son cahier.
Quelque chose attend.
Se creuse en lui.
Se voûte.
L’instant se vide.
La journée n’a pas été facile.
Résu n° 46, p.9 — Printemps 1989
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La feuille sera petite
et le mot très mince
là où je pince le cahier
mon regard émietté
sait une branche
Résu n°108, p.12 – Décembre 2004
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Je ne cherche
par un homme
ou par une rose
qu’à rejoindre ce que je n’atteindrai jamais,
je n’ai que quelques motspour y parvenir et quelques journées,
petits territoires
heures cernées, creusées
mais sans pouvoir ignorer le centre imprévu
jamais au centre.
Possible Imaginaire n°2 – Décembre 1998
Bibliographie partielle
- Thierry Metz, Poésies 1978 – 1997, © Pierre Mainard, 2017
- On signale également l'excellente réédition augmentée du dernier recueil de Thierry, L'homme qui penche, © Unes, 2017, avec une préface de Cédric Le Penven
Internet
- Les éditions Pierre Mainard sur BiblioMonde
- Thierry Metz sur La Pierre et le Sel :
Contribution de PPierre Kobel
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