La poésie d’Al Berto est celle de la brûlure, de l’errance et du mal de vivre. De sa vie de passion, il a tiré une œuvre incandescente. Elle n’a pas suffi à le sauver, il nous en reste une haute parole qui peut parler à tous.
Douze demeures de silence
11.
abandonner le village le lieu la maison le corps
l’écriture et tous les paysages
voyager en cachette dans le train postal de la nuit
piétiner ton ombre oblique sur ces étendues de sable
cerné par les eaux mordre le corail de la peur
où ton absence se brise… migrer
avec les marées de la nuit vers les régions où le rêve existe
loin de toi
une bière une autre encore une autre
pour qu’un sourire se révèle dans l’ivresse des adieux
j’ouvre un livre :
une seule chose est nécessaire : la solitude, la grande solitude intérieure. Marcher en soi, et pendant des heures, ne rencontrer personne — et c’est à cela qu’il faut arriver.
je ne parviens pas à lire davantage… je ferme les yeux
le paysage disparaît dans un rapide adieu mal cadré
je pense revenir
et je sais que le mensonge s’éveille déjà en moi
je m’enfonce profondément dans mon siège… je défie le sommeil
l’angoisse de l’éternel voyageur m’envahit
trains navires où partez-vous ?
attendez-moi
j’y vais
In Salsugem – © l’Escampette, 2003 – p.19
Traduction de Michel Chandeigne et Ariane Witkowski
Internet
- Fiche Wikipédia
- Un portrait dans Esprits nomades
- Un autre texte dans La Pierre et le Sel
Contribution de PPierre Kobel
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