L’écriture de Nicole Drano-Stamberg est toute de délicatesse et d’humanité. Elle est le reflet des engagements pour le monde qui sont les siens depuis toujours avec Georges Drano, son époux. On la retrouve tous les ans dans l’équipe des animateurs du festival Voix Vives de méditerranée en méditerranée.
Ballade des larmes séchées
Voilà qui me trouble les sens,
L’amie à chevelure rouge
A découvert d’innombrables larmes séchées
Dans un scanner astral.
Elle tourne les pages de roses bronchioles,
Écarte les branches qui montent et descendent
Des souffles du jujubier lotus.
Cours à Béziers aux quatre écluses, à la frontière de l’inconnu.
Tu cueilles les larmes et le sec
Des poumons sous les étoiles.
Lire les cieux obscurs, l’épine,
Le point final, la toile blanche. Rien n’effraye
Une prêtresse. Amère
Est la cosse recueillie par l’amie. Mais
Elle sème chaque graine recueillie.
Cours en novembre dans la nuit noire, aux frontières de l’inconnu.
Deuil ou enfer qui saura retenir la vie.
L’amie sourit du deuil et garde l’enfer dans son poing.
Il se déploie dans ses cheveux.
Flamme brûle
La myrrhe et le laurier camphrier !
Que chantent trois cordes sur carapace de tortue
Dans l’atelier où la lumière est une hirondelle.
Cours au jardin, sur le lilas, aux frontières de l’inconnu.
Sur les braises grille le thon,
Un peu de sang a coulé sur le damier composite
Des carreaux de la cuisine.
Il s’agit de laisser ailleurs trois cordes
Sur carapace de tortue
Avec l’amie qui accueille les sèches larmes
Avec les fraîches près de la lune.
Cours vers l’étoile, vise Saturne, aux frontières de l’inconnu.
L’impertinente joue aux billes
Avec les pleurs. Elle regarde
Chacune des larmes faire l’amour avec le désert.
Elle fait tourner les rêves dans un cieloscopie.
Ensemble nous délivrons le phénix
À la voix d’arc en ciel. L’amie à la tour grimpe
Pour éloigner les écritures maudites.
Cours à la poste, à la fontaine, aux frontières de l’inconnu.
Tiens-toi pour descendre l’escalier. Monter n’est rien,
Partir, quitter ses amis c’est n’avoir plus de rampe pour la vie.
Cours jusqu’à moi, dans le poème, aux frontières de l’inconnu.
In Délicatesse et gravité, © Rougerie, 2012, p.28
Internet
- Un article de Jean-François Mathé dans Recours au poème
- Une recension de Michel Baglin dans Texture
- Dans La Pierre et le Sel : Un jour un texte — Poème sans peau de Nicole Drano-Stamberg
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires