Bibliothécaire de métier, Pierre Maubé est de ceux qui ont mis la poésie au cœur de leur existence. Bruno Doucey écrit ainsi en préface : « […] je sens bien, à la lecture du Dernier loup, que la littérature et la poésie sont pour lui l’antidote de toutes les déconvenues, un baume possible, salutaire, à distiller sur les plaies vives de la vie. »
J’aimerais dire à l’ombre qui me suit de me quitter, d’aller ailleurs vivre sa vie d’ombre rieuse, de flamme ténébreuse, de sombre feu follet.
J’aimerais dire à cette nuit légère qui s’attache à mes pas que je n’ai pas besoin de ce supplément d’être, de ce ricanement muet qui ne m’abandonne que la nuit.
J’aimerais dire à cet écho patient, à ce frisson inaliénable : « Je ne mérite pas cet attachement sombre, cette fidélité de chien, cette chaîne invisible. Je t’en supplie, déserte-moi, rejoins l’oubli qui t’a donné naissance, renonce à ce naufrage quotidien, à cette danse du silence. »
J’aimerais dire… mais ce refrain soumis à je ne sais quelle musique me laisse coi, ébloui, effaré, noyé de nuit, perdu, obscur, corps échoué sur un rivage noir.
J’aimerais dire au gouffre goguenard qui s’ouvre sous mes pas de se laisser oublier le temps d’un souffle, le temps d’un chant, le temps d’un geste nu ou d’un soupir, le temps d’un rayon de soleil.
In Le dernier loup, © Bérénice, 2011, p.95
Internet
- Wikipedia
- Poésie maintenant, le blog de Pierre Maubé
- Dans La Pierre et le Sel : Un jour, des textes : Pierre Maubé | Nulle part
Contribution de PPierre Kobel
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