Elle sort de chez elle le trottoir se dérobe et fuit
dimanche matin les ruelles sont nues gouttent encore de nuit
l’écume des étourneaux retourne remue le ciel
les ombres rétrécissent se tapissent sous le soleil
le cœur doit diviser pour survivre et elle court
le jour cède la mesure qu’elle arrachera au vide
quelque chose se prépare dans le sombre des rues
quelque chose bondit.
In Poèmes d’après, © Arfuyen, 2016, p.24
La Pierre et le Sel : Quel est l’itinéraire personnel qui t’a conduit à la poésie ? Culture familiale ? Rencontres personnelles ? Études ?
J’ai, pour ainsi dire, baigné dans la poésie depuis la prime enfance, entre l’Allemagne et la France, élevée dans la culture et la langue hongroise par ma famille maternelle. En Hongrie, le rapport à l’oralité et à la poésie est bien différent de ce que nous pouvons connaître ici : la poésie se dit, se chante, se joue, se vit, elle fait partie de la communication, de la transmission et du quotidien. Elle n’a rien d’élitiste ni de cérébral. Les poètes sont souvent mis en musique par des compositeurs, il y a aussi beaucoup de livres ou de disques de poésie dédiés aux enfants, à la jeunesse. Il me paraissait donc tout naturel d’en écouter, d’en lire, et plus tard, d’en écrire, d’en traduire, de l’accompagner en peinture.
Je vis cette proximité avec les langues (les différentes langues que je parle et lis, et le langage du poème) comme une très grande chance, un monde élargi. Les rencontres humaines et amicales autour de la poésie se sont surtout faites après mes premières publications, il n’y a pas si longtemps.
La Pierre et le Sel : Quelle place occupe aujourd’hui la poésie dans ton existence ? As-tu d’autres activités d’écriture ?
Aujourd’hui, ce rapport à la poésie est essentiel dans ma vie, même si l’écriture n’est pas toujours au centre. Avant toute chose, je crois, il y a le surgissement permanent de la vie, qui nous déborde, ce que nous expérimentons de ce qui nous entoure, notre rapport à l’autre, au monde, ce qui fait notre histoire, ses particularités, l’intensité de nos liens.
Toutes ces choses sont les forces, les énergies de la poésie. Dans ce chaos que nous ordonnons chacun à notre manière, la poésie, souvent, me sert de guide, de témoin. Elle donne une autre dimension, plus universelle, à l’expérience vécue. C’est aussi un pas de côté : partir de soi pour plus de transcendance. Il y a d’abord la poésie des autres, des voix qui m’accompagnent, je parle tout autant ici des vivants que des disparus. Puis, la poésie que j’écris qui jaillit parce qu’elle le doit, parce que quelque chose doit alors remonter à la surface par les mots, être transmis, peut-être. Ces mots ne sont pas toujours des poèmes, parfois, ils sont incohérents, d’autres fois, ce sont des notes, des débuts de contes ou d’histoire. Ils trouvent leur ordonnancement naturel s’ils répondent à une nécessité à laquelle il est impossible de se soustraire.
L’alphabet
Dans les livres
on dit qu’il faut libérer la parole
mais si j’ouvre ma bouche
n’en tombent que les corps
d’oisillons livides
trop tôt sortis du nid
on doit tenir droit
les mots nous guident. Il faut y planter les ongles
si on ne voit pas au-delà
des yeux.
Il y a des murs de tous côtés
rien pour les nommer.
Quelqu’un a avalé une horloge
et le temps n’arrête pas
du matin au soir j’écarte
les ombres de ma bouche et mes yeux.
Le sang de nos mots est noir.
Les chapitres d’un livre s’ouvrent pour te laisser passer
muet tu ne sais venir à ma rencontre,
tu enroules ta présence autour d’une image lointaine.
Prisonnière de ces pages
je déplace les mots et renverse les phrases
mais l’alphabet s’efface.
In Toucher terre, © Arfuyen, 2016, p.9
La Pierre et le Sel : Quelles sont les interactions de tes autres activités artistiques, comme le dessin et la peinture, avec l’écriture poétique ?
Ces deux aspects de la création me sont nécessaires l’un comme l’autre, mais de différentes manières. L’écriture est un aiguillon, il faut que cela sorte, mais c’est inconfortable, cela prend une forme que l’on ne maîtrise pas forcément, en tout cas, pas à la lisière de la conscience où naissent la plupart de mes poèmes. On peut retravailler, mais on ne maîtrise pas lorsque les mots remontent à la surface et s’y heurtent parfois. Un peu comme une musique intérieure que l’on ne choisit pas.
La peinture, le dessin, c’est tout autre chose : une respiration, un espace au-dehors, large comme l’horizon, la liberté d’explorer la matière, de la réinventer.
J’aime la transversalité, pratiquer la peinture, l’écriture en les faisant dialoguer, dans des livres d’artistes où j’interviens en peintre ou poète avec d’autres poètes ou artistes, ou dans la revue Ce qui reste, par exemple. En me fondant sur l’observation et l’imaginaire de la nature, de l’environnement naturel et de ses langages, le rapport entre paysage visible et invisible, je tente de traduire cette résonance entre espace intérieur et espace extérieur. Cela revient aussi à sonder des interrogations humaines, artistiques, philosophiques. Travailler à partir des lignes et des éléments du paysage, avec les mots du poème et ses images, avec de l’eau, des écorces, des pierres, des pigments, du papier. Tenter de dresser des passerelles entre les arts.
La Pierre et le Sel : Quels sont les poètes, contemporains ou du patrimoine, qui te sont proches par leur écriture ? Quelle place accordes-tu à la lecture des autres poètes dans ton travail personnel ?
La voix des autres est primordiale. Comment écrire si l’on ne lit pas ? Comment se définir poète sans être à l’écoute de tous ceux qui ont tissé ce chant choral bien avant nous, et aujourd’hui encore ? Les choses que nous avons à dire se rejoignent. Puis, il y a tant à apprendre, des autres, toujours.
Comme je l’écrivais précédemment, c’est par l’écoute et la lecture constantes de poèmes que j’ai appris à aimer la poésie, à oser exprimer ma voix de poète. Les premiers qui ont beaucoup compté, pour moi, sont les Hongrois de mon enfance : Weöres Sándor, Attila József, Endre Ady ; Rimbaud, Verlaine et Villon pour les Français. Puis, adulte, avec l’exercice du métier de libraire et de la traduction de poésie, j’ai découvert tout un monde : de la poésie japonaise à Apollinaire ou Jaccottet, en passant par les merveilleux Scandinaves, Edith Södergran, Tarjei Vesaas, Tomas Tranströmer, Karin Boye, la Néo-Zélandaise Janet Frame, la liste serait bien trop longue, j’ai dévoré, surtout la poésie étrangère, ancienne ou plus moderne. Cependant, parmi les francophones, je reviens toujours à la poésie âpre et tellurique de Jourdan, et à celle de Reverdy. Ce sont ceux qui me viennent immédiatement à l’esprit.
Parmi nos contemporains, certains poètes que j’estime et admire pour leur cohérence et leur parcours sont aussi des amis chers, qui parfois m’ont assurée et soutenue dans ma voie. Je suis surtout attirée par la poésie de celles et ceux chez qui je sens le besoin viscéral, la nécessité d’écrire dans un véritable dépassement de soi et de la langue, que ce soit, d’ailleurs, dans une simplicité dépouillée, le lyrisme ou bien d’autres formes plus mentales ou novatrices, pourvu qu’elles soient sincères, pas pour s’inscrire dans une manière ou une époque. Toutes les voix des poètes que j’aime me sont nécessaires, me nourrissent, me traversent, m’inspirent. C’est une évidence : lire, lire, et éventuellement écrire.
Les lampes sous les arbres ont des écailles de serpent
un cèdre baigne son ombre dans le feu
dans le feu il y a le souvenir
de l’océan
coques de fruits de mer éparpillés
fossiles et empreintes d’étoiles
autour du feu
nous devenons veilleurs et dieux
d’une nouvelle genèse.
In L’été, © Al Manar, 2017, p.24
La Pierre et le Sel : Comment écris-tu ? À partir de quels matériaux ? Écris-tu régulièrement ? Construis-tu des projets de recueil à l’avance ou a posteriori ?
Je n’écris que lorsque j’en ressens la nécessité, le besoin urgent. J’ai toujours avec moi un carnet et un crayon, où que j’aille (pour le dessin autant que l’écriture !) Il peut y avoir plusieurs points de départ à la nécessité d’écrire : ce peut être après une lecture aimée, avant ou peu après le sommeil, lorsque la vision de notre conscience cesse un peu son estimation constante du réel, pendant la marche, après avoir observé des êtres ou des situations, des objets. À la manière des enfants, dont je suis proche, j’aime trouver des signes et des jeux d’alliance dans ce que je vois, ou vis, la poésie est alors un peu l’arbre des milieux magiques dont parlait le naturaliste Jacob von Uexküll, un révélateur.
Avant la floraison du poème, il y a toujours le noyau d’une expérience, d’un vécu, comme un concentré, un excès, qui auraient besoin de déborder par les mots, par une sorte de chant. Je n’écris pas régulièrement, parfois c’est au compte-gouttes, rien pendant des mois, à part quelques petites notes. D’autres fois cela fuse et jaillit. Il peut y avoir des suites spontanées, des esquisses, mais je ne formalise jamais mes projets à l’avance lorsqu’il s’agit de livres de poèmes. J’ai beaucoup d’idées, des envies, des obsessions, parfois je passe de l’une à l’autre, la structuration des livres se fait bien après, après avoir oublié les textes, puis les avoir relus, travaillés, parfois découpés, recomposés… Pour trouver ce qui sonne encore pas forcément juste, mais vrai.
La Pierre et le Sel : Ta poésie laisse une grande place à la nature ? Quelles sont les thématiques qui nourrissent ton écriture ?
La proximité des grands espaces, la terre, les éléments sont des forces agissantes de la vie et de la créativité. Si je suis citadine, aujourd’hui, j’ai grandi près des forêts, des arbres, j’ai tôt appris, grâce à ma mère, passionnée de nature, à nommer les formes de vies animales et végétales, à les respecter, les aimer. Enfant, je me passionnais aussi pour les minéraux, dans lesquels je ne peux, encore aujourd’hui, m’empêcher de sentir une sorte de vie secrètement puissante, et c’est une des raisons pour lesquelles je ressens une telle proximité avec l’univers de Roger Caillois.
Il y a des liens entre le corps et le paysage, notre façon de nous inscrire dans un lieu, qui interrogent notre dimension de liberté dans l’environnement naturel et social.
Dans l’attention portée à la nature, à ses signes, je trouve la possibilité de ralentir et de rassembler les choses, dans un monde de plus en plus fragmenté par le temps et la vitesse, et dans notre rapport fractal au réel et au présent.
Je ne me sens réellement moi-même, à ma place, que lorsque je suis dans ces espaces ouverts et vivants, c’est donc ce rapport de désir, de plénitude ou de privation de ces espaces qui façonne mon écriture, d’une certaine manière. Plus qu’une thématique d’écriture, c’est un axe, le paysage passe par moi à travers mes mots.
Mes sujets d’écritures sont souvent peuplés de ces éléments de la nature, mais reflètent également les différents échos du monde dans lequel nous vivons, sa souffrance, les voyages, la musique, la peinture, le passé, l’exil, l’enfance, l’univers des contes, des souvenirs, les êtres aimés…
La Pierre et le Sel : Tu as des activités de traduction. Quels sont les auteurs que tu traduis, quel est l’apport de ce travail pour ta propre écriture ?
Je traduis de l’anglais et du hongrois, surtout la poésie, mais également des textes littéraires en prose. Des auteurs du vingtième siècle essentiellement : Karinthy Frigyes, József Attila, Kosztolányi Dezső, Weöres Sándor, Pilinszky János pour les Hongrois, Howard McCord, Janet Frame, Mark Strand, Virginia Woolf, Anne Sexton, Hone Tuwhare, Vita Sackville-West pour les Anglo-saxons, etc.
Lorsqu’on traduit, on s’immerge dans l’univers d’un autre. On se dédouble. On lit en revivant, en réinventant sa parole. Traduire, contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de croire, c’est maîtriser la langue vers laquelle on traduit mieux que la langue d’origine, afin de pouvoir restituer aussi précisément que possible toutes les subtilités de la syntaxe et du sens. C’est une réflexion perpétuelle sur l’évolution et la vie du langage. Sur ses infinies possibilités et variations. Par l’immersion et les merveilleux dégagements qu’elle permet, la traduction est devenue pour moi un acte essentiel dans mon chemin d’écriture. Je me laisse toujours porter par ce jaillissement spontané qui est à l’origine du poème, mais je suis plus attentive, plus à l’écoute des harmonies entre les sons, les images et les rythmes qui font l’équilibre d’un poème.
Une antienne
Par le miroir brisé,
et Peau noire des cités
vienne la neige, vienne l’ange.
Un jour un oiseau voulut devenir homme et se jeta
du sommet d’un haut parapet
pour apprendre la douleur
de vivre sans ailes.
Peu de secours dans le vide des cellules
des ruches humaines
peu de jour perçant les murs et les strates de trop de matière
les hommes traînent leurs bêtes dans un élan de peur de
leur propre peau
les organes de leur corps percés, fragiles, périssables
les hommes sans les bêtes, dévêtus de leur nom nu de bête
construisent de drôles et sombres nids
où la vie s’éteint dans l’odeur douceâtre d’une bougie.
Mais l’ange arrive, sans ses ailes
dans un ciel traversé de rides
il arrive, pur flocon
bruisse jusqu’à nous son nom amoureux
blancheur d’aube, blancheur sans fin
porte jusqu’à nous
le désir d’étoile.
In Toucher terre, © Arfuyen, 2016, p.79
La Pierre et le Sel : As-tu déjà publié dans des revues ? Lesquelles ?
J’ai publié dans de nombreuses revues, La Revue de Belles Lettres, La femelle du requin, Europe, Jardins, Arpa, Voix d’encre, Osiris, Nunc, Décharge, Possibles, Le Journal des poètes, Thauma, etc. Pour les numériques : Terres de femmes, Terre à Ciel, Sitaudis, Poezibao, Recours au poème Paysages écrits d’autres encore.
Jusqu’à l’an passé, je publiais surtout poèmes et traductions, depuis 2018, je publie également mes peintures et quelques notes de lectures.
La Pierre et le Sel : Depuis quand as-tu été éditée et comment as-tu rencontré tes éditeurs ?
Je connaissais les éditeurs qui m’ont publiée par leur catalogue, pour avoir certains de leurs livres. Mon premier poème publié l’a été grâce à Angèle Paoli dans sa revue Terres de femmes, elle avait entendu un comédien lire mes textes au marché de la poésie en 2010. Elle m’a alors demandé un poème pour son anthologie. J’ai ensuite envoyé par la poste un premier manuscrit à l’éditrice de l’Échappée belle, dont m’avait parlé un poète, elle a publié Ciel passager en 2012. Pour les livres suivants, j’ai également envoyé mes manuscrits par courrier à certains des éditeurs dont l’univers s’apparente à ma sensibilité. Je suis toujours, pour commencer, une lectrice des éditeurs auxquels je vais ensuite adresser mes manuscrits. C’est une démarche qui me paraît couler de sens, mais qui n’est pas aussi naturelle que j’avais pu le penser.
C’était à chaque fois une grande joie de me sentir accueillie, en particulier aux éditions Arfuyen, où Gérard Pfister, dont le choix est beau et exigeant, m’a soutenue, et fait suffisamment confiance pour publier deux de mes livres, dont le dernier, paru en octobre 2018, Toucher Terre.
La Pierre et le Sel : Quelle place accordes-tu à tes activités éditoriales sur Internet avec la revue Ce qui reste ? Utilises-tu Internet en relation avec la poésie en dehors de cela ? Consultes-tu les blogs et sites des autres ?
On trouve aujourd’hui sur Internet de nombreux lieux de poésie, c’est devenu un moyen de partager la poésie qui est complémentaire au livre, gratuit et accessible à la plupart. Mais comme beaucoup, je préfère de loin feuilleter un livre d’encre et de papier ! C’est une richesse d’avoir ces deux possibilités. Dans la revue Ce qui reste, nous essayons de trouver un bon compromis entre papier et virtuel, en réalisant des livrets soignés, qui relient art et poésie, avec une vraie exigence tant dans le contenu que dans la forme et la mise en page de ces petits ensembles à « feuilleter ».
J’utilise Internet pour travailler à la revue, mais aussi pour m’informer de la vie poétique sur les différents sites et autres revues existants, des blogs, j’aime découvrir d’autres univers. Il en existe une incroyable variété, souvent d’une grande qualité esthétique, entre les revues critiques et/ou anthologiques, les artistiques, celles qui sont davantage dans une démarche de découverte, il y a un vaste panorama très éclectique de la création poétique contemporaine sur Internet. Je suis abonnée à quelques-unes, mais le plus souvent je réserve un moment de ma semaine pour naviguer entre, Terre à ciel, Terres de femmes, La Pierre et le Sel, Sitaudis, En attendant Nadeau, Le nouveau recueil, Secousse, La cause littéraire, Littérature de Partout, Possibles, Catastrophes, Poezibao, Littérature hongroise, la liste est trop longue pour être exhaustive ! J’ai également un compte Facebook et Instagram sur lesquels je publie surtout mes peintures, parfois des textes ou des poèmes, ceux que j’aime et parfois les miens.
La Pierre et le Sel : Quelle est ton opinion quant à l’état de la poésie en France et particulièrement de la petite édition ?
Je ne suis pas certaine d’être suffisamment objective pour donner une réponse lucide à cette question. La poésie n’est pas très présente dans les médias, elle n’est pas au plus visible ni prévisible, en particulier dans la société française, et celles qui sont plus visibles ou accessibles ne sont pas toujours celles qui s’ancrent et résonnent en nous. Mais il suffit d’y être un peu sensible, et comme derrière une porte dérobée, tout un monde s’ouvre.
La poésie, l’art et la création sont si vitaux et prégnants pour moi que j’ai le sentiment qu’ils sont partout présents, en réplique à ce qui peut paraître menaçant ou anxiogène dans l’époque que nous vivons. Je suis sans doute naïve, mais je suis souvent émerveillée de constater la ténacité, la vivacité et la passion de certains passeurs de poésie, dont font partie beaucoup de petits éditeurs. Je pense au merveilleux travail que faisait Julien Bosc au Phare du Cousseix, mais aussi à bien d’autres, Pierre Mrejen avec les éditions Harpo&, Olivier Gallon aux éditions La Barque, etc., et lors des échanges que j’ai avec des enfants ou des jeunes dans le cadre d’ateliers ou de résidences, je constate à chaque fois combien la plupart ont, malgré les apparences, une vraie soif de créer, de découvrir, d’appréhender le monde avec d’autres perspectives que celles dictées par des systèmes et des outils, quels qu’ils soient.
Je veux croire qu’il y aura encore longtemps des amoureux du livre et de la poésie pour reprendre ce flambeau-là.
Toucher terre lentement, à l’abri des sous-bois,
des cyclamens mauves, des lianes de ronces
les flammes des bruants voletant
entre l’ombre des haies
simplement toucher terre,
jusqu’à suivre, l’œil délivré dans les brins,
la lumière, le ruisseau clair, l’ambre,
jusqu’à la chute rousse du soleil
fauché, l’astre odorant lié aux branches,
jusqu’à sillonner le ciel avec ses mains de fleurs
jusqu’à se consumer dans l’air bleu, à s’éprendre du sol
le soleil amoureux.
In Toucher terre, © Arfuyen, 2016, p.108
La Pierre et le Sel : Quels sont tes projets à venir ?
Deux ouvrages de traduction de poèmes paraissent très prochainement, l’un avec un long et superbe poème de Howard Mc Cord, aux éditions La Barque, l’autre étant une anthologie de Weöres Sándor aux éditions Po&psy.
Quant aux autres projets, j’en ai plusieurs au long cours associant écriture et peinture, l’un qui développe une série de dessins intitulée les Machines, l’autre les Mondes flottants, j’aimerais continuer de faire mes petits livres d’artistes pour partager avec les amis poètes ; une suite de poèmes sur la musique est en train de prendre forme lentement, et je me suis lancée dans un projet de grande ampleur sur la poésie féminine depuis l’antiquité jusqu’au XXème siècle, sous forme de miniatures, et je voudrais aussi travailler sur des auteurs qui me tiennent à cœur tels que Virginia Woolf, Gilles Ortlieb, Pierre-Albert Jourdan, Janet Frame, Weöres Sándor, Pilinszky János… Il y en a trop pour tous les citer, encore une fois. Mais j’ai besoin de ce foisonnement et de ces différentes facettes de la création, ma vie s’en trouve enrichie, agrandie. Je continue de croire que l’art, et la poésie en particulier, est un remède au désenchantement et à l’adversité.
L’été, les rêves agitent les voilages
mieux que la brise
et parlent de disparition.
Les roses suspendent un drap bleu aux fenêtres
je reste derrière
ce monde soluble dans la lumière
où les pierres brûlent et renaissent sans qu’on les voie.
In L’été, © Al Manar, 2017, p.12
Bibliographie partielle
Poésie
-
Toucher terre, © Arfuyen, Paris, octobre 2018
-
L’Été, avec des dessins de Bobi+Bobi, © Al Manar, Paris, 2017
-
Viens dans mon poème, © Le Petit Flou, 2017
-
Poèmes d’après suivi de La route de sel, © Arfuyen, Paris, 2016. Prix Yvan Goll 2017 et Prix du Cénacle européen 2017
-
Une robe couleur de jour (Napszín ruhában), avec les aquarelles de Catherine Sourdillon, © La Lune Bleue, Paris, 2016
-
Silence, Carnet de notes et de songe, photographies d’Anne Lise Broyer, poème de Cécile A. Holdban, © Sous les glycines, Paris, 2016
-
Un nid dans les ronces, illustré d’encres sumi-e de l’auteur, © La Part Commune, Rennes, 2013
-
Ciel passager, © L’Échappée Belle Édition, Bagnolet, 2012
Livre d’Artistes
-
Une soixantaine de livres peints et leporellos avec différents poètes et peintres, Jacques Lèbre, Jean-Marc Sourdillon, Jean-François Mathé, Jean-Pierre Chambon, Laurent Albarracin…
Traductions
-
Howard McCord, Poèmes, traduction de l’américain et préface de Cécile A. Holdban et Thierry Gillybœuf, © La Barque, Paris, 2018 (à paraître)
-
Kosztolányi Dezső, Venise, traduction du hongrois et préface de Cécile A. Holdban, © Cambourakis, Paris, 2017
-
Karinthy Frigyes, Propagande, traduction du hongrois de Cécile A. Holdban, © La Part Commune, Rennes, 2016.
-
Karinthy Frigyes, Tous sports confondus, traduction du hongrois et préface de Cécile A. Holdban, © Le Sonneur, Paris, 2014.
-
József Attila, Le Mendiant de la beauté, poèmes traduits du hongrois par Francis Combes, Cécile A. Holdban et Georges Kassai, © Le Temps des Cerises, Paris, 2014
Ouvrages collectifs et anthologies
-
Duos, anthologie de poésie contemporaine de la Maison de la Poésie Rhône-Alpes, 2018
-
Un soir, j’ai assis la beauté sur mes genoux, anthologie de poètes en hommage à Arthur Rimbaud, © La passe du vent, Lyon, 2018
-
Poésie naissante, © Le Bateau fantôme, Paris, 2017
-
Voix Contemporaines, © La revue de Belles Lettres, 2017
-
Rivages, Anthologie poétique, © Éditions de l’Aigrette, Maison de la Poésie de la Drôme, 2016
-
Dehors, recueil pour tous sous la direction de Christophe Brégaint et Éléonore Jame, © Janus, Paris, 2016
-
Amours, collectif de haïkus sous la direction de Valérie Rivoallon, © Forgeurs d’Étoiles, Rosny-sous-Bois, 2014
-
La Vallée éblouie, © Unicité, Paris, 2014
Collaboration à de nombreuses revues papier et numériques
- Europe, Arpa, Voix d’encre, La revue de Belles Lettres, Le journal des poètes, Terre à Ciel, Sitaudis, Poezibao, Terres de femmes, etc.
Internet
Dans La Pierre et le Sel
-
Recueil : Cécile A.Holdban | Poèmes d’après suivi de La route de sel, une contribution de Marie-Hélène Prouteau
-
Recueil : Cécile A. Holdban | Une robe couleur de jour/Napszín Ruhában, une contribution d’Isabelle Lévesque
-
Le site de la revue « Ce qui reste »
Contribution de PPierre Kobel
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