La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Un jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel.
Amour d’amour III
Je te sais et je te lis par cœur
Je te nomme et je t’appelle
Tes yeux sont mes voyelles
Et tes lèvres mes consonnes
Je vais là où tu vas
Mes pieds se posent au même endroit
Et toi dont l’amour est égal
Tu viens là où je suis
Tous les obstacles sont franchis
Il n’y a plus de détour
Il n’y a plus de frontières
Jamais plus nous ne nous perdrons
Malgré l’absence inéluctable
Si tes matins sont mes matins
Tes nuits se fondent à mes nuits
Midi minuit le point est fait
Toujours l’aiguille au beau mouvant
Malgré tristesses très profondes
Malgré cela qui se déchire
Et qui fait mal
Ô simplicité fastueuse
Ô quotidien miracle
Me voici toi te voici moi
Nous voilà tous deux ensemble
Et pourtant libres de nous-mêmes
Libres libres ô si libres
De nous conduire où nous voulons
Serions-nous l’un et l’autre
Au bout de pôles opposés
In Poésie 1 n°23 © Le Cherche-Midi, 2000
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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