La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Exil
à Gérard Chaliand
J’ai goûté au sel, changé
mes vêtements. Il faut partir.
La même voix extérieure dira
il faut rester.
Chaque escale est déjà ville
avec des amis de brume, des tarifs inconnus,
des noms d’avenues difficiles à retenir.
Il faut partir,
entrer dans un paysage qui n’est pas le mien
et le mien, là, aussi proche
que les signes effacés d’une ardoise magique,
le mien disparaît peu à peu.
Je ne sais où a commencé le voyage.
Où et quand les allées tracées
en un temps qui n’a plus de lieu.
Je lève mon verre malgré l’amertume
aux invités de l’instant toujours magique,
je lève mon verre
au jardin qui fleurit sous les langues.
In Le Jardin des batailles, © Circé, 1999
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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