Un jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel.
La sourate dernière ou la sourate du silence
Brumes ce matin sur le village. Brouillard sur les collines.
Le Temps s’est pris au piège des nuages. Il s’est posé sur la maison et il couve les heures.
Rumeurs. Paroles de la rue. Un chien lointain.
Trente années d’écriture. La vie et l’écriture. L’amour et l’écriture. L’ailleurs et l’écriture.
Pas d’ambition. Pas de concessions. Peu d’argent.
Beaucoup d’amour. Beaucoup d’amis. Pas de calculs.
Refus des gloires enviées. Des itinéraires préparées. Des chemins publics. Des compromissions. Des institutions.
Écrire seulement pour être. Pour s’engager. Vers les autres. Avec les autres.
Bonjour pour dé-river de l’homme ancien.
Écrire pour dériver vers l’homme à naître.
Rien d’autre.
Brumes ce matin sur le village. Brouillard sur les collines.
Le Temps s’est pris au piège des nuages. Il s’est posé sur la maison et il couve mes heures.
Silence.
In Sourates, © Fayard, 1982
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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