La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Le bonheur (nocturne)
Le merle avait chanté dans les lilas
mais las de soi le jour a fait naufrage
laissant là-bas les cuivres du couchant
mugir comme un chant du départ.
Quand est venu voilé le soir des veuves
il n’offrait plus que des semblants de vie
mais j’entendis les cordes du cœur geindre
dans la ténèbre des violons.
Et quand la lune a vu du haut des arbres
le mur blanc de l’enclos tombal au loin
elle a guigné le grabat sous l’auvent
pour subir l’absoute en dormant.
Mais toi qui sais paraître au crépuscule
comme un matin de printemps dans les bois
avec tant de bonheur, ne sais-tu pas
que le bonheur est incrédule ?
In Les Parvis, © Gallimard, 2003
Internet
-
La Pierre et le Sel | Jean Grosjean une voix un regard
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires