La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Rose 3
Je suis allée dans le jardin des roses
elles m’ont laissé pénétrer.
Une pelouse reculait à leurs pieds
les confins où elles mêlaient de teintes
une chair de lumière et de passages d’eau.
Je regardais, parfois je descendais
au puits par des senteurs
qui me reliaient à la terre, à son silence.
Est-il d’étoile formée de nuit,
le souvenir en demeure si une fois on a respiré une rose.
Senteur du silence, à rien comparée.
… Pourquoi je les abandonne,
je ne les hume pas jusqu’à perdre mon corps
et me fondre à l’odeur pour rien de la rose ?
La rose est sans pourquoi,
non le mal que je connais, me disais-je.
Nous n’avons pas les mêmes voies.
Lumineuse sur sa très haute tige
une rose cherchait le nuage blanc,
je la voyais ouverte sur le parfum,
il s’évasait au loin et je ne voyais rien,
ouverte sur l’espace
la rose cherchait le nuage blanc.
In Terra nostra, © Le Cherche Midi
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Contribution de PPierre Kobel
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