La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Ils ont emporté tout ce que j’avais en double et je me suis retrouvée sur le parking avec le strict minimum : une seule chaussure, une seule chaussette, un seul pied, une seule jambe, un seul bras, une seule oreille, un seul regard, une seule larme. Avant de filer, ils ont crié : « T’as encore de la chance qu’on te laisse le cœur ! »
Alors j’ai eu l’idée de fouiller dedans avec la seule main qu’il me restait et j’ai tout retrouvé.
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Je fabrique mes histoires sur un bout de terrain, sans clôture ni entourage. Je pose mes pierres un peu au hasard, j’invente des formes qui ne respectent pas tout à fait les règles de la construction.
Alors bien souvent je me retrouve le dos contre la lune, à frotter le monde avec un morceau de pierre ponce ou une brosse à chiendent.
In Mort et vif, © Le Dé Bleu, 1996
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Contribution de PPierre Kobel
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