La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Billie Holiday, Solitude
« In my solitude
You haunt me. »
Billie Holiday : voix-entraillée Éraillée.
Gutturale entaillée vaginale. Descend. Au centre
Du ventre. Au profond de la faille. À chaque
retombée de voix toutes étoiles intérieures brisées
Éclatées chatoient et tremblent une à une dans la gorge.
Sexe se sait seul à jamais dans le noir.
Crâne aussi se sait seul et crie.
Os se retourne plusieurs fois sur lui-même
Pour vomir toute moelle.
Mais l’ultime flexion de voix âpre à la quatrième répétition
De « solitude ». Voûte du mot soudain s’arc-boute.
Vulve de voix se rompt. Se fend entière et libère
« Fruit étrange » : en deçà de la douleur hurlée douceur
Rauque inentendue jusque-là par oreilles humaines.
Cette douceur criée – don de la cassure extrême : je la reconnais.
L’ai découverte dans ma chair la nuit où me suis ouverte en deux
De douleur et d’effroi à ta vue. Nue dans la neige noire
In Sur un piano de paille, © Arfuyen, 2020
Internet
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La Pierre et le Sel | Michèle Finck : la poésie, des larmes jusqu’à l’espoir
Contribution de PPierre Kobel
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