La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
nue
j’ouvre l’œil dans des draps inconnus
l’odeur forte du mâle m’étouffe
j’ai la gorge serrée d’un dégoût qui s’engouffre
où es-tu
je tire le drap sur mes reins engourdis
la levée du corps se fait secrète
le dehors l’appelle et la porte me happe
je me dissipe la chair en regrets dans l’automne
où es-tu
mes pas foulent le sol
et pourtant je lévite
j’ai filé mes dessous
je n’ai plus de maison
au coin de la rue ivre
mes yeux vagabonds
flous
se posent
sur ton blouson
tu es là
ce que j’ai rugi dans ma tête
retourne-toi
retourne-toi
déjà tourné c’est parti
je t’ai perdu dans la ville monstre
elle t’a avalé sans vergogne
et m’as laissé pour seul cadeau
ta nuque
et tes pas assurés
j’ai vu que tu pensais à moi
le dos d’un homme ne ment jamais
In Des frelons dans le cœur, © L’Iconoclaste, Coll. L’iconopop, 2020
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Contribution de PPierre Kobel
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