La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Le chant du saumon
J’ai remonté des estuaires
L’écaille brève et l’œil galant
Le dos pressé entre deux pierres
J’ai parcouru le cap Saint-Jean
On me disait reste patient
Tu grandiras dans les rivières
Tu séduiras d’autres guerrières
Tu dîneras chez Petrossian
Plaisir des Russes et de l’argent
Marins saoulés par les tempêtes
Tu auras soif comme un esthète
Qui dans l’amour aime l’amant
Le saint patron des ouragans
M’a racheté pour trois cent francs
J’ai navigué le souffle lent
Jusqu’à la Seine en Erevan
Si vous cherchiez dans les étangs
Vous prendriez de gros merlans
Des anges bleus des requins blancs
Aucun poisson n’est innocent
Je serai brave sous la lame
Petit saumon joue les méchants
Il n’y a plus rien quand on se pâme
Dans son assiette chez Petrossian
Banquiers qui remontez les échelles
Amateurs éclectiques
Financiers électriques
J’entends vos voix prophétiques
Laissez-moi embarquer sur d’autres caravelles
Je ferai D
des E MIRACLES
miracles S
In La chanson de Passavant, © Poésie/Gallimard, 2005
Internet
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires