La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
La coquille du monde
J’ai posé mes lèvres en rond
sur la bouche inventive du monde
Je m’arrête.
J’écoute
je glisse ça souffle
et c’est à mon oreille.
D’abord l’impression de sable et d’un corps de poussière
Qu’épouse tout ce qui lui vient
à l’esprit :
fourmis, volantes, crabes et bois roulés
éprouvés fracassés
des arbres de corail
des ailes des anges
trésors j’ai dit.
(L’écume en dit plus long
dans son effritement
qu’une langue)
Puis j’écarte et de ma main, la droite,
plus fine aux sens, plus aiguë,
caresse une spirale divinement éclose
ça tourne bien.
Ça n’arrête pas, ça ne pense pas, ça s’en va.
Loin. Demain
aller chercher
scalaires, littorines, patelles,
oursins.
Les vents
auront défait l’usage et l’ordonnance.
Tout sera posé sable, et lumière en même temps
Et nous ne pourrons rien
que la contemplation.
Là
jusqu’à poudrer la mer.
Là que le soleil plonge
Que les étoiles naissent
Et que la vie.
In Une âme qui, © Dumerchez, 2000
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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