La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Dans le vague d’une sieste brumeuse
je m’appuyais aux pergolas, je voyais
entre les pétroliers dans le port,
et je pensais au lointain royaume
de Kapurthala aux tigres secrets
et à cette danseuse malagaise
qui fut marajani et qui parcourait
les contrées du Bengale
à dos d’éléphants chamarrés de bijoux.
Tout en pensant à toi et à ta façon
innée de m’emmener
vers les plaines de l’Inde aux milliers
de bœufs attachés près des huttes,
aux temples cachés dans les vallées
protégés par des dieux aux bras multiples.
Ta voix faisait une pause quand tu parlais des villes
qui transportaient du santal et des jacinthes :
Mumbai, Aurangabad ou Khajuraho
entre couleurs magenta et safran,
où vivent des enfants aux immenses yeux noirs
qui font planer derrière les bidonvilles
les cerfs-volants de la faim et des loques.
In Tatouage, © Encres vives
Traduit de l’espagnol par Rémy Durand et l’auteur
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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