La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Là
sur l’étroite avancée rocheuse
ignorant la guipure d’écume au pied
de la falaise
et le point où la mer à l’horizon
se coupe
il est le centre d’une sphère
où sa pensée
se perd
dans des scintillements d’azur cuisant
comme le cri des sternes
Phidias ! Phidias !
L’enfant marche comme l’on danse
dans la poussière du chemin
que soulève
son talon
D’où vient-il ?
Il naquit de sa fraîche voix d’enfant
et du son de la flûte
aulos à deux tons ou sifflet de roseau
dont s’élève le soir
ainsi que du figuier l’odeur de sucre cuit
le chant qui donne aux étoiles
leur voix.
Je sais qu’il aime l’atelier
où blanches et longues comme des doigts
les écailles et les épaufrures couvrent les jarres
les pots de pigments
les pains de cire vierge et les huiles
et
l’odeur des résines ainsi que
lisse et fraîche
la peau de l’aubier clair sous la rugueuse écorce
dont se lisent les veines
capricieux dessins de fleuves pétrifiés
oracles que les dieux cachent dans la nature
In La dernière œuvre de Phidias, © Encres vives n° 453
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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