La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Ô grand rapace des tempêtes, éternelle fiancée de la mer
Ton regard était si bleu qu’il a pu me séduire
Si funèbre ton pennage, si crayeuse ta chair
Ton verbe étrange avec toutes les manières de la mort
Que j’aspirais à mourir sous ta main carnassière !
Non pas de la mort qui rend libre d’un trop vaste souci
Échéance, hâvre de grâce, terme du labyrinthe où nous errâmes
(Car être et n’être plus sont pareille malédiction)
Mais la bonne justicière qui me restituerait mon dû,
Cette patrie néante d’où je fus indûment arraché
Pour parader comme je fais ici en ma vie anthume
bouffon sur son tréteau de songes et de mensonges
Affublé de triste chair et de parole faussaire !
Si tel est le sens de ton appel, tel celui de mon répons,
Guide-moi, ô Mère, sous ta sombre voûte utérine
Étouffée soit ma voix, biffé le patronyme qui m’enchaîne
Profanée aux orties toute perduration funéraire
Vierge la stèle où gît le fruit blet d’une parturition !
In Les mégères de la mer, © Mercure de France, 1967
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Wikipédia | Louis-René des Forêts
Contribution de PPierre Kobel
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