La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Au mur de l’Atlantique
à Juliette Delavis
ma mère
j’ai peut-être oublié tous mes yeux dans la mer
venue comme un ancien pressentiment d’étoiles
une femme soudain m’a donné un visage
qu’elle semblait avoir ramassé dans les cendres
il m’arrivait d’avoir des dimanches de vagues
j’écoutais sur le sable de vieilles détonations
les femmes portaient des masques pour allumer l’aurore
et je dilapidais l’obscurité des mondes
les maisons fortes tombaient lentement dans la mer
un enfant commandait à un feu invisible
et je voyais rouiller des hommes privés de gestes
les femmes recouvraient le visage des jours
elles roulaient dans leurs doigts un peu de ciel rouge
avec les yeux ouverts dans les plis de la mort
In Le passeur de silence, © La Découverte, 1985
Internet
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Wikipédia | Tristan Cabral
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La Pierre et le Sel | Tristan Cabral, entre le cri et le silence
Contribution de PPierre Kobel
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