12e édition de Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée à Sète. C’est la deuxième fois consécutive que le festival est confronté à la crise sanitaire, mais l’équipe de Maïthé Vallès-Bled fait front et les choses sont en place. La place de la mairie s’est habillée des vélums blancs qui abritent les stands des éditeurs. On s’y reconnaît, on s’y retrouve pour les habitués, c’est l’ambiance ensoleillée, méridionale qui rassemble autour des livres et plus encore des mots, de la langue.
Ce sont ces conditions estivales qui font l’identité de ce festival. C’est aussi le melting-pot qui le constitue avec la présence des poètes du monde entier, des francophones et des non-francophones, des connus et d’autres moins. Ce qui est propre à la poésie, c’est d’être une langue à part entière. Avec ses diversités, ses voies multiples, ses forces et ses égarements, mais cependant une langue en soi.
Faites l’expérience, à Sète ou ailleurs, d’écouter de la poésie dans une langue que vous ne parlez pas. Malgré cela, et avant même d’entendre la traduction en français, vous reconnaissez la puissance, la richesse de ce qui vous est confié. La regrettée Angélique Ionatos disait de la langue que c’était sa véritable patrie. Elle s’inscrivait dans cette spécificité qui fait de la poésie un vecteur dépassant les frontières géographiques et plus encore culturelles, politiques. Le peuple des poètes est international et la poésie augmente son humanité.
Puisse cette année, Voix Vives être de nouveau le creuset de cette humanité porteuse d’utopie et de liberté.
Serge Pey
La poésie…
La poésie est basse
Il faut se pencher pour la ramasser
au milieu des chaises renversées
La poésie
n’existe pas isolément
au-dessus des choses
assises sur des chaises
Et pourtant elle est captive
de ce qui la constitue
justement en beauté
quand une chose se lève
de la chaise
La poésie
n’est jamais une vérité
sans la réalité
d’une chaise qui s’assoit
sur une autre chaise
La poésie va jusqu’au bout
de l’homme
qui démonte la chaise
pour faire du feu
La poésie est une décision
qui croit à l’exigence
des mots d’une chaise démontée
On a tellement frappé
sur le nez de cette chaise
qu’elle continue à saigner
sans qu’on s’aperçoive
que c’est un homme
qui saigne sur elle
car ses barreaux ont traversé
son cœur
La poésie est une chaise
que l’on saisit par le dossier
non pour s’asseoir
mais pour se battre
In Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2021, © Bruno Doucey, 2021
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Contribution de PPierre Kobel
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