Soirée inaugurale du festival. Pass sanitaire à l’entrée et ensuite plus personne ne garde le masque. Mais qui le porte à Sète si ce n’est quelques touristes soucieux comme nous ? On est en vacances, c’est le Sud, c’est l’insouciance du soleil, c’est l’idée que le mal, ça n’arrive qu’aux autres. Je voudrais aussi le croire…
Sur scène les poètes entrent en scène par vagues, lisent un texte. Des interludes musicaux ponctuent la soirée. On regrette la sono sans nuances, la logistique a parfois du mal à suivre… Il y a les déclameurs, les mezzo voce, les timides et les performeurs habitués des tréteaux qui prennent le public à bras le corps. L’ensemble forme un bouquet plus homogène que je ne m’y attendais au su d’expériences dans des éditions précédentes.
Pour suivre le festival, il y a deux bibles : le programme qu’on se procure dès l’arrivée pour y surligner les animations, les rencontres auxquelles on souhaite participer. Je sais à l’avance quels animateurs(trices) je vais éviter, lesquels je vais privilégier. Dix ans de festival m’ont appris à faire la part entre ceux qui ne sont là que pour eux-mêmes, pour faire le show sans préparer les séquences qu’ils animent, au détriment des poètes et de la poésie et ceux qui officient avec professionnalisme et respect d’autrui. Très vite il faut se repérer dans les séquences dont certaines sont à la même heure ce qui conduit à des choix cornéliens. Quand elles se suivent, c’est parfois la course d’un bout à l’autre de la ville pour en rater le moins possible. On arrive essoufflé, on essaie de se faire le plus discret possible, on espère avoir encore une place assise et à l’ombre ce qui est le Graal. On navigue entre découvertes passionnantes, surprises inattendues et déceptions parfois. Le bouche-à-bouche fait courir pour écouter tel(le) dont chacun dit le plus grand bien.
L’autre bible, c’est l’anthologie du festival qui permet de découvrir les poètes invités. Difficile de les connaître tous, de savoir que tel(le) auteur(e) inconnu(e) ici est un auteur important dans sa sphère géographique et culturelle. Un texte, une notice bibliographique donnent quelques éléments pour le connaître mieux. On apprend à entendre les langues, à reconnaître la voie du poète.
La dame sétoise qui nous accueillait à notre logement de location me disait qu’elle aimait entendre les poètes lire sous sa fenêtre et que, loin d’être dérangée par ces lectures, elle avait appris à en reconnaître la teneur poétique, elle qui ne lit pas de poésie, et à l’apprécier aussi dans des langues étrangères inconnues d’elle. On voudrait entendre cela plus souvent quand d’autres manifestent quelquefois bruyamment leur hostilité à notre présence.
Les poètes ont envahi la ville. Ouvrez vos oreilles, jetez vos préjugés, laissez-vous saisir par les mots. Cette parole a vocation pour tous !
Zahra Sami Mroueh (Liban)
Silence
Je baisse la musique pour m’écouter.
Je surplombe des idées fraîches tentant de fuir les souvenirs.
Le passé ne me torture plus. Son air souffle de l’autre côté.
J’ai privé les souvenances de leur gagne-pain.
J’ai gardé seulement leur parfum comme un vampire.
Je cherche un nouvel arôme qui me dictera sa philosophie.
Une dose de mal est nécessaire, après chaque tempête, après chaque déchirure du ciel.
Traduit de l’arabe (Liban) par l’autrice.
In Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2021, © Bruno Doucey, 2021
Internet
Contribution de PPierre Kobel
UNE BIEN BELLE POESIE UNE OEUVRE A SUIVRE AVEC ATTENTION
Rédigé par : DANIEL KAY | 29 juin 2022 à 12:39